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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 01:28

par Louis Cornu (suite des articles précédents)


1 - La dernière journée


Dans l’évangile de Jean, le récit du Disciple couvre les 24 heures, du jeudi soir au vendredi soir, apportant sur chaque fait des précisions irremplaçables : le lavement des pieds avant la cène, chez lui apparemment ; l’annonce de la trahison de Judas ; l’attente à Gethsémanie ; l’arrestation sous le contrôle de la cohorte romaine ; chez les Grands prêtres (le Disciple y est comme chez lui) ; le jugement de Pilate et ses péripéties ; la mort ; le coup de lance ; la mise au tombeau ; le retour chez lui et l’accueil de Marie, mère de Jésus, et sans doute d’autres Galiléens désemparés, dont Pierre.


2 – Dimanche 9 avril : le tombeau de Jésus est vide


Pierre_et_Disciple_au_tombeau.jpg

peinture de Henri Lindegaard : Pierre et le Disciple courant vers le tombeau de Jésus

 

On imagine facilement les disciples de Jésus réfugiés chez le Disciple, pleurant et prostrés au cours de ce triste samedi, pourtant joyeuse fête de Pâques pour les Juifs, les femmes se préparant à embaumer le cadavre dès l’aube du dimanche. Le dimanche matin, stupéfaction : le tombeau est vide ; telle est la nouvelle qu’apporte au Disciple, Marie de Magdala. Incrédule avec Pierre, il se précipite au tombeau, y arrive le premier mais n’y pénètre pas et attend Pierre, puis, avec lui, constate que c’est bien vrai : il n’y a plus de cadavre. Il signale : « comme ils n’avaient pas compris l’Ecriture qu’il devait se relever d’entre les morts, les disciples retournèrent chez eux ». L’explication de cette absence de cadavre, Marie de Magdala l’avait émise d’entrée : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau » (Jn 20,2).


3 – Jésus se manifeste vivant


Le récit des apparitions dans l’évangile de Jean est le plus complet et le plus cohérent des 4 évangiles. Cet évangile témoigne de 3 apparitions. 1ère fois, le dimanche même de la Résurrection, dans le jardin où avait été creusé son tombeau, Jésus s’est montré à Marie de Magdala, puis le soir même, alors que les portes de la maison (celle du Disciple ) étaient verrouillées, Jésus est venu se présenter aux disciples ; Thomas était absent. 2ème fois, huit jours plus tard, au même lieu, Jésus se montre de nouveau aux disciples, et Thomas, cette fois-ci est là. 3ème fois, dans le cadre d’un « appendice » (après une conclusion de l’évangile en Jn 20, 30) qui raconte une apparition au bord du lac de Tibériade. Il est de nouveau question du Disciple, lui aussi présent : Pierre demande à Jésus quel sera le destin de ce Disciple (Jn 21, 20-23).

à suivre ...

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 01:10

par Louis Cornu (suite des articles précédents).


C’est naturellement après le départ pour Ephraïm qu’il convient de situer le dernier périple de Jésus et son retour à Jérusalem pour la Pâque 30. Luc le raconte longuement (Lc 9, 51 ; 19, 28). Le Disciple n’en dit rien ; on peut en déduire qu’il n’y a pas participé. C’est donc à Luc que nous devons le récit des évènements survenus au cours de ce voyage de plusieurs semaines qui préparait la dernière étape de cette montée, celle de Jéricho à Jérusalem, le dimanche 2 avril 30. Bien entendu, le Disciple et les autres disciples de Jérusalem et de Béthanie attendaient ce retour avec appréhension car ils connaissaient le mandat d’arrêt lancé contre lui, mais Jésus, de son côté, faisait savoir qu’il serait à Jérusalem pour Pâque. De part et d’autre, il n’y aura donc pas de surprise, chacun a son plan. Les responsables religieux – le Disciple le sait bien, lui le familier de Caïphe – ont décidé de ne rien entreprendre contre Jésus au moment de la fête, alors que lui, Jésus, il entend provoquer l’événement à cette occasion.


chartres_jerusalem.jpgCet événement sera une entrée royale selon le scénario écrit par le prophète Zacharie (Za, 9, 9) qui sera effectuée le dimanche 2 avril. Jésus montera à Jérusalem avec une foule encadrée par les Douze, les disciples de Jérusalem et Béthanie jusqu’à Bethphagé. Il y aura sur place l’indispensable ânon de Zacharie. Puis le cortège s’ébranlera en direction de Jérusalem et du Temple, où la foule des pèlerins, enthousiastes il va de soi, assistera à l’entrée de son messie.

 

vitrail de la cathédrale de Chartres

 

Dans leurs récits, les synoptiques rendent assez bien compte de la concentration à Jéricho, de l’arrivée et de l’accueil chez Zachée (Lc 19, 1-10) et de la mise en route pour Jérusalem (Mc 10, 32-34). L’évangile de Jean ajoute un événement supplémentaire qui s’est produit le samedi à Béthanie. Grâce aux trois témoignages, chacun partiel, on voit comment les choses ont dû se passer : Luc l’arrivée, le vendredi (ou le jeudi) à Jéricho, avec la maison de Zachée comme gîte d’étape ; le Disciple une incursion à Béthanie, le samedi, et Marc raconte le départ de Jéricho, le dimanche.


Le Disciple a tenu à signaler l’incursion intermédiaire à Béthanie apparemment pour deux raisons : d’abord, il y a eu l’onction de Marie renouvelant son geste d’affection (déjà réalisé presque deux ans plus tôt) ; et puis, il y a eu surtout, ce jour là, auprès de Jésus, la présence de Judas, auteur d’une remarque désapprobatrice, blessante pour Marie … ce Judas, auquel le Disciple va vouer une détestation tenace. Selon toute vraisemblance, le Disciple était présent ce jour-là à Béthanie, comme il sera sans doute présent avec les disciples de Jérusalem, participant au cortège qui conduira Jésus au Temple de Dieu.
 

à suivre ...

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 15:58

par Louis Cornu (suite des articles précédents)


Selon les trois évangiles synoptiques, lorsque Jésus revient de la « haute montagne » de la Transfiguration (Lc 9, 28-50 ; Mc 9, 30-50 ; Mt 17, 24 à 18, 9) et regagne discrètement Capharnaüm avec les Douze, il s’est passé assez peu de temps depuis Pâque (19 avril 29) : un mois peut-être seulement. Dans la suite immédiate de leur récit (Lc 9, 51 ; Mc 10, 1 ; Mt 19, 1), Jésus amorcera sa dernière montée à Jérusalem pour la Pâque de l’année 30, huit ou neuf mois plus tard.


Ce qui s’est passé dans cet intervalle, les synoptiques n’en disent rien, mais grâce à l’évangile de Jean, nous retrouvons Jésus dès le mois d’octobre 29, un peu avant Soukôt (13 octobre) et nous connaissons les principales péripéties de son existence, depuis cette date jusqu’à la montée à Jérusalem : après hésitation, Jésus monte finalement à Jérusalem (Jn 7, 1-10) ; il y est présent lors de la fête de Soukôt (Jn 7, 11 – 10, 21) ; il y est également présent fin décembre lors de Hanouka (Jn 10, 22-38) ; il est menacé de mort et bat retraite outre Jourdain (Jn 10, 39-41) ; il revient à Béthanie pour Lazare qui esttombé malade (Jn 11, 1-44) ; il est condamné à mort par contumace et se retire à Ephraïm, une ville du nord de la Judée proche du désert. Tous ces évènements, ignorés des évangiles synoptiques, ne se sont pas produit en Galilée, mais en Judée et à Jérusalem, ou en région limitrophe, et c'est le Disciple qui les relate.


1 – le départ pour Jérusalem (Jn 7, 1-10)


La famille de Jésus va monter à Jérusalem, mais, lui, il hésite. Finalement, après tout le monde, il part discrètement. Rien ne permet d’affirmer qu’il se mette en chemin avec les Douze qui l’accompagnaient quelques mois plus tôt. Le Disciple n’a pas été témoin de cette troisième montée : il en saura les circonstances, informé plus tard, après Soukôt, sans doute par Jésus dont le séjour à Jérusalem se prolongea.


2 – Soukôt – Jésus présent à Jérusalem (Jn 7, 11 – 10, 21).


Il craignait le pire et, de fait, il s’en fallut de peu qu’il ne fût arrêté après avoir guéri l’aveugle-né. Sa popularité consécutive à cette guérison et l’intervention de Nicodème devant le sanhédrin lui valurent une protection efficace. Il ne fut pas inquiété et put séjourner à Jérusalem ou, plus vraisemblablement à Béthanie, dans une ambiance amicale, au milieu de disciples judéens de plus en plus nombreux et naturellement de plus en plus liés entre eux, dont les seuls nommément connus – outre le Disciple dont le nom est tenu secret – Lazare, Marthe et Marie (de Béthanie), Nicodème, Joseph (d’Arimatrée), Simon le Lépreux : c’est au cours des semaines qui suivirent que Jésus et le Disciple durent se rencontrer fréquemment et tisser des liens d’amitié réciproque. Jésus paraît avoir bénéficié alors d’une certaine tolérance de la part des autorités religieuses, peut-être sous la caution de Nicodème, de Joseph d’A. et d’autres notables éventuellement.


3 – Hanouka (Jn 10, 22-38)


Cette tolérance cessa lors de la fête de Hanouka (22 décembre 29). Jésus crut pouvoir affirmer son lien filial personnel avec Dieu, en des termes où ses auditeurs virent un blasphème ; ils furent sur le point de le lapider et cherchèrent à le faire arrêter. Jésus parvint à se dégager et se réfugia au-delà du Jourdain, en un endroit qu’il connaissait bien ; il y séjourna quelques temps, au début de l’année 30, avec des disciples – lesquels ? Le Disciple ne dit pas que ce fût précisément le groupe des Douze, constitué au printemps 29, mais sans activité repérable depuis plusieurs mois. Seul Thomas est nommé. Il ne semble pas que ce fût non plus les proches de Jérusalem et Béthanie, dont le Disciple, mais ceux-ci savaient où trouver Jésus en cas de besoin et pouvaient donc lui rendre visite discrètement. Il était alors en Pérée, mais en fait assez proche de Jérusalem, où le nombre de ses disciples ne faisait que croître. Les responsables religieux paraissaient se satisfaire, du moins provisoirement, de cet éloignement relatif et Antipas ne se souciait pas de l’appréhender : il avait d’autres sujets de préoccupation.


Bref, Jésus était en sécurité, entouré de disciples, dont Thomas et probablement quelques autres des Douze, rappelés auprès de lui ; ne les avait-il pas recrutés pour « être avec lui » (Mc 3, 13) l’année précédente, ses gardes du corps en quelque sorte.


4 - Jésus vient à Béthanie pour Lazare (Jn 11, 1-44)


Le Disciple relate avec précision cet évènement dont il a pu être témoin ; à cette occasion, nous avons la preuve que le Disciple et les trois de Béthanie étaient en relation assez étroites puisque le Disciple précise au passage que Marie, la sœur de Lazare, était cette femme qui, naguère, « avait oint le Seigneur d’une huile parfumée ». C’est dans Lc 7, 36-50 que nous trouvons le récit de cette anecdote ; Luc n’avait point donné l’identité de la « pécheresse ». A le lire, on avait pensé qu’il s’agissait de Maria de Magdala que Jésus avait exorcisée sept fois. Le Disciple est manifestement informé avec plus de précision : cela pourrait aussi indiquer que Lazare de Béthanie et ses sœurs étaient originaires de Magdala.


5  - Jésus condamné à mort par contumace (Jn 11, 45-57)


La "résurrection" de Lazare accroît aussitôt la popularité de Jésus et le nombre de ses adeptes, mais entraîna par réaction sa condamnation à mort à l’issue d’une séance du sanhédrin sous la présidence de Caïphe et, à peu près certainement, en présence de Nicodème. Jésus, absent, eut naturellement très vite connaissance de la sentence et se réfugia du côté d’Ephraïm. Le Disciple relate cette séance en soulignant le rôle et la responsabilité du Grand prêtre … que pourtant il n’accable pas. N’y aurait-il pas là un indice de ses relations étroites avec Caïphe ? Il dira plus tard qu’il « était connu de lui » (Jn 18, 15). Cette condamnation de Jésus devrait être datée du mois de février 30.


EphraimHighlited.jpg

le territoire du clan Ephraïm, au nord de ceux de Juda et de Benjamin. A l'époque de Jésus, il faisait partie de la Judée, laquelle était administrée directement par les Romains

à suivre ...

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 15:41

par Louis Cornu (suite des articles précédents).


Jn 6 – La campagne du printemps 29 se déroule essentiellement en Galilée, avec incursions en Décapole et, pour finir, en Syro-Phénicie et Gaulanitide (Césarée, sa région). Elle commence donc en avril 29 et se termine, selon toute vraisemblance, vers juin. Ses principaux épisodes, suivant le récit des synoptiques, sont : 1 – le lancement d'une campagne à partir de Capharnaüm (Mc 3, 10 – 6, 6 ; et parallèles en Mt et Lc) ; 2 – la mission des Douze : un succès total aboutissant à la multiplication des pains (Mc 6, 7-44 et parallèles en Mt et Lc) ; 3 – mais paradoxalement, l’échec de la campagne suivi d’errance (Mc 6, 45 et 8, 48 ; parallèles en Mt et Lc) ; 4 – puis une théophanie suivi d’une réévaluation (Mc 9, 1-50 ; et parallèles en Mt et Lc).


L’évangile de Jean intervient seulement pour éclairer le paradoxe à l’articulation de la phase 2 (qui est un succès) et de la phase 3 (qui est un échec). Sans lui, on n’y comprendrait pas grand chose. Grâce à lui, on sait que le succès débouchait sur une rébellion armée que Jésus parvint à éviter en proposant une alternative mystique – le discours de Capharnaüm (Jn 6, 22-59) – qui rebuta presque tous ses partisans, d’où l’échec.

 

Capharnaum_synagogue.jpg

la synagogue de Capharnaüm - de l’hébreu Kfar (village) et Nahum (compassion, consolation)

– datant de la fin du IVème siècle et reposant sur un bâtiment plus ancien (la synagogue du temps de Jésus ?).

 

Il se peut que le Disciple ait rejoint Jésus quelque part pendant que se déroulaient la mission des Douze, à laquelle il n’a pas participé, mais dont il aurait observé la phase finale, mais cela n’est pas certain car il se peut que les explications précises qu’il produit lui aient été fournies plus tard par Jésus lui-même. Quoiqu’il en soit, grâce à l’information qu’il est le seul à donner : « ils voulurent l’enlever pour le proclamer roi » (Jn 6, 15), l’échec paradoxal s’explique : on comprend comment une opération réussie, qui devait aboutir à une montée massive mais pacifique à Jérusalem pour Pâque, conduisit au fiasco et à la désillusion, pour finir par une réévaluation, positive malgré le tragique de l’étape finale entrevue.

à suivre

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 13:23

par Louis Cornu (suite des articles précédents).


Jn 5, 1-47. Cette deuxième montée de Jésus à Jérusalem, pour participer à la fête de Soukôt (l4 octobre 28), ne donnera lieu qu’à un séjour très court en raison de l’hostilité croissante des responsables juifs, dont de nombreux pharisiens du sanhédrin. Le Disciple eut quand même l’occasion de revoir Jésus, de le recevoir chez lui peut-être. L’évangile de Jn raconte l’essentiel de l’événement, dont il fut probablement témoin : la guérison d’un paralytique, un jour de sabbat à la piscine de Bethzatha, qui conforta la conviction des adversaires de Jésus. Il méritait la mort, non seulement pour avoir opéré cette action un jour de sabbat, mais surtout parce que se présentant comme le « Fils de l’homme », il s’octroyait une origine réellement divine (lien). Il se faisait l’égal de Dieu (Jn 5, 47).


C’est une accusation gravissime, un blasphème d’auto-déification. On ne s’étonne donc pas de voir Jésus s’éloigner rapidement de Judée, et il ne semble pas que le Disciple l’ait alors suivi en Galilée. Le fait qu’il revienne en Galilée montre à l’évidence qu’il n’estimait pas avoir à craindre quoi que ce soit de la part d’Antipas et donne à penser qu’alors le Baptiste était toujours vivant.


Il y revenait tout auréolé d’un surcroît de notoriété (Mc 3, 7-12), mais en même temps poursuivi par une hostilité accrue des pharisiens de plus en plus résolus à le faire mourir en raison de l’accusation, nouvelle, de blasphème. C’est avec cet objectif que ces derniers interviennent auprès des Hérodiens (Mc 3, 6 ; Mt 12, 14 ; Lc 6, 11).


herode et herodialeC’est alors l’automne 28, peut-être même la fin de automne. L’implication désormais hargneuse des pharisiens – pas tous, bien sûr -, et leur intervention qu’on devine pressante auprès d’Antipas va entraîner un double résultat. Tout d’abord, Antipas ne va plus pouvoir continuer son astucieuse protection du Baptiste. Il va devoir céder devant la détermination pharisienne alliée au ressentiment d’Hérodiate : la tête de Jean Baptiste va tomber.

 

Illustration - Hérode et Hérodiade dans le film Le Roi des Rois, 1961,
 

Par ailleurs la menace d’un sort identique pesant sur Jésus, surtout au vue de cette décapitation, celui-ci ne va plus pouvoir demeurer en Galilée sans risquer le pire. Il lui faut se mettre à l’abri et il va se retirer « à la montagne » (Mc 3, 13), nécessairement hors de Galilée, où d’ailleurs il n’y a pas de vraie montagne, donc plus vraisemblablement en Gaulanitude où l’Hermès dresse ses 2 800 m au dessus de Césarée et offre des pentes ensoleillées entre Césarée et Damas, assez proches de la Galilée (pour celles qui surplombent la région de Césarée). Voilà une région où Jésus peut avoir passé l’hiver 28-29, hors de portée de ceux qui en Judée, en Pérée, en Galilée, ont pour objectif de l’éliminer.


cate_palestine_herode_antipas.gif
Aucun des quatre évangies ne parle de cet hiver 28-29. Lorsque Jésus va reprendre l’initiative, la Pâque 29 (19 avril) sera proche (Jn 6, 4). Pendant cet hiver là, le Disciple, résident de Jérusalem, paraît bien n’avoir pas eu de contact avec Jésus. 

à suivr e ...

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 11:53

par Louis Cornu (suite des articles précédents)


jesus-est-baptise-b1568.jpg.jpgJn 3, 22-36. Comme il est devenu disciple de Jésus, le Disciple peut avoir participé à l’activité baptismale après Pâque, sous son autorité systématiquement ou épistolairement, si cette activité a duré quelques temps. Jean Baptiste, de son côté, sans doute avec d’autres disciples, continuait à dispenser son baptême, mais avec moins de succès que le groupe de Jésus. Qu’il y ait eu émulation entre les deux groupes n’entraîne pas que ce fut une concurrence querelleuse. Beaucoup plus vraisemblablement, dans un plan concerté de répartition des rôles. Jésus, le Messie attendu est désormais venu à œuvrer à proximité de Jérusalem, au cœur de la Judée, pendant que Jean Baptiste poursuivait sa véhémente prédication eschatologique au bord du Jourdain … et, comme il se doit ; orientait ses auditeurs vers Jésus, l’ « agneau de Dieu » précisait-il. On doit bien sûr qu’en plus de la généralisation de leur baptême – baptême nazôréen ou « baptême de Jean » (du ciel selon Jésus d’après Lc 20,4) – Jésus et Jean Baptiste, chacun de leur côté, développaient une identique prédication associée, celle du Baptiste exposée par Luc (Lc 3, 1-8).
 
 Cette campagne de baptême en Judée prend fin au bout de quelques semaines, assez logiquement, après le départ de Jérusalem, des pèlerins de Savouôt (19 juin 28), qui, libérant en quelque sort les autorités religieuses, leur facilite l’extrême rigueur contre Jean Baptiste, désormais moins entouré.


Voici ce qu’en dit l’historien Flavius Josèphe : «  … Jean , surnommé le Baptiste, était un homme de grande piété (…) beaucoup de gens, dans le peuple, le suivaient. Hérode Antipas craignant que son ascendant sur eux n’excitât quelque sédition (…), l’emprisonna dans la forteresse de Machéronte ». Antipas, en l’occurrence, n’aurait eu en vue que le maintien de l’ordre public, dont il était responsable devant l’Empereur, en Galilée et, outre Jourdain, en Pérée. Comme Jean Baptiste se tenait outre Jourdain, son arrestation en Pérée s’accorde bien avec cette logique.


Paradoxalement, l’évangile de Jean nous apprend que pour éviter le même sort que Jean Baptiste, Jésus se retire dans la Galilée d’Antipas : c’était, en quelque sorte, se précipiter dans la gueule du loup. Dans les circonstances où Jésus  prend cette décision, ce n’est pas Antipas qui est mis en cause, mais seulement les pharisiens en rapport avec le baptême (F. Joseph, il faut le noter, ne parle pas d’eux). Pour comprendre la logique du processus de la fin du Baptiste, il faut le voir à la lumière du processus qui conduira deux ans plus tard à la condamnation de Jésus : première mesure – une condamnation par le sanhédrin, sous la présidence du Grand prêtre, sur motifs politico-religieux ; deuxième mesure, deux mois plus tard, - utilisation du « bras séculier », Pilate, sur accusation de sédition.


Dans le cas de Jean Baptiste, en 28, il y eut très vraisemblablement une condamnation par le Sanhédrin – sous influence pharisienne – en rapport avec la généralisation par Jean Baptiste d’un baptême de type et d’esprit essénien. Par Nicodème ou par le Disciple, Jésus dut être rapidement informé de cette décision à laquelle Antipas n’avait pas participé, et qui ne l’aurait pas concerné si le Baptiste avait été arrêté par la police du Temple. Jésus, en Judée, risquait d’être appréhendé. Pour éviter cela, il se retira donc en Galilée précipitamment.


Ensuite, peut-être assez rapidement, comme Jean Baptiste était hors de portée de la police du Temple, les autorités religieuses durent demander à Antipas d’intervenir en faisant pression sur lui. Prince juif, celui-ci ne peut éviter de tenir compte d’une décision des chefs juifs de Jérusalem. Il se résoud donc à arrêter Jean, le mettant ainsi hors d’état de nuire, mais il le traite avec une relative aménité (Mc 6, 20). Pendant ce temps, Jésus va se mettre à parcourir la Galilée sans être inquiété. Il évitera d’ailleurs toute provocation car il ne pratiquera plus en public ce baptême « essénien » de Jean, qui inquiétait tant les autorités judaïques de Jérusalem.


C’est parce qu’il était parfaitement conscient de cela que Jésus avait fui la Judée précipitamment, par le plus court chemin : il avait traversé la Samarie par Sichem et il était arrivé à Cana. Il paraît bien que le Disciple fût du voyage car son récit est précis et circonstancié, mais il semble bien aussi qu’il soit revenu très vite dans sa ville, à Jérusalem, et qu’il n’ait donc pas participé à la première campagne d’annonce que Jésus entreprit rapidement en Galilée, dans les synagogues, après l’arrestation de Jean Baptiste (Mc 1, 14 ; Lc 4, 15). Cette campagne est racontée dans les synoptiques (Mc 1, 14 ; Mt 4, 17 ; Lc 4, 15). L’évangile de Jean, lui, n’en dit rien. Le Disciple n’aura donc pas assisté à la rencontre des disciples de Jean avec ceux de Jésus.


Privé de liberté, Jean Baptiste bénéficie donc d’un régime carcéral adouci : Antipas a plaisir à s’entretenir avec lui et, dans sa prison, il reste en contact avec ses disciples. Par ailleurs, il est déconcerté par la tournure qu’ont pris les évènements : alors que normalement Jésus, Messie attendu, devait s’imposer à Jérusalem, voilà qu’il se contente de vadrouiller en Galilée. Est-il vraiment le « messie qui doit venir » ? (Lc 7, 18-35). L’intervention du Baptiste auprès de Jésus en Galilée doit être située en 28, avant la fête de Soukôt (24 octobre 28) car Jésus va monter à Jérusalem pour cette « fête des Juifs » (Jn 5,1). Il n’est d’ailleurs pas encore, personnellement, l’objet de poursuite malgré l’affaire des marchands du Temple, malgré sa participation à l’activité baptismale publique de Jean et malgré l’hostilité pharisienne consécutive qu’il suppute.

à suivre ...

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 11:15

par Louis Cornu (suite des articles précédents)

Jn 2, 13-21. La remarque finale de ce texte nous montre que nous sommes en présence du récit d’un fait dont les disciples ont parlé, plus tard, après la Résurrection et qu’alors une signification nouvelle leur est apparue, qui n’était pas celle venue à leur esprit au moment des faits.


« Le zèle de la maison de Dieu qui dévore … » est une référence trop automatique au psaume 69, 10, qui laisse dans l’ombre une autre référence prophétique, plus pertinente, en raison de son caractère eschatologique tout à fait conforme à la prédication du Baptiste (et de Jésus) à cette époque : Zacharie, 14, 21 : « En ce jour là [le jour du rétablissement définitif de la royauté universelle du Dieu d’Israël] il n’y aura plus de marchands dans la Maison de Dieu ».

 

20-COLETTE-ISABELLA-LES-MARCHANDS-DU-TEMPLE.jpg

Colette et Isabella "L'imagerie de la bible", conception et textes Emile Beaumont, images Colette David Isabella Misso - Editions Fleurus 15-27 Rue Moussorgski 75018 Paris.

 

Sommé de se justifier, Jésus avait répondu : « Détruisez ce temple [la Maison de Dieu], je le rebâtirai en trois jours ». Tous les auditeurs, adversaires et disciples, comprennent alors qu’il s’agit de la maison de Dieu à Jérusalem, l’édifice où ils se trouvent à cet instant et qui est en reconstruction depuis 46 ans en l’an 28.


Plus tard, après la Résurrection, c’est à cet élément – le Temple rétabli en 3 jours après destruction - auquel les disciples penseront à propos du corps ressuscité de Jésus, et cela d’autant plus facilement qu’une ré-interprétation de la parole de Jésus dans ce sens, leur paraîtra tout naturelle si Jésus était alors âgé d’environ quarante six ans. De fait, ce serait bien le cas, si Jésus avait près de cinquante ans au moment de sa mort, comme l’affirme Irénée de Lyon en se référant à une tradition apostolique transmise par « Jean l’Ancien et par d’autres apôtres » (ADV. HAER .II, 22,5).

à suivre ...

 

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 10:58

par Louis Cornu … suite des articles précédents


nicodeme.jpgSelon Jn (3, 1-36). Nicodème est un notable pharisien de Jérusalem, peut-être membre au sanhédrin (Jn 7, 45-52). Il connaît Caïphe ; il connaît probablement aussi le Disciple, lequel est familier de Caïphe et depuis peu, ami de Jésus : c’est d’autant plus probable qu’à l’égard de Jésus, Nicodème manifeste une curiosité très bienveillante. Le Disciple a pu assister à l’entretien … de nuit. Il se peut aussi qu’il en ait été informé, jusque dans les détails, soit par Jésus, soit par Nicodème. Celui-ci va devenir un disciple ami de Jésus..


Les autres évangiles ne connaissent pas le pharisien Nicodème. Cela n’est pas surprenant car les évangiles synoptiques représentent une perception galiléenne de Jésus, provinciale et populaire, alors que Nicodème est un « bourgeois » de Jérusalem. Pourtant, il se pourrait bien que le « pharisien » de « l’onction de la pécheresse » au début de la vie publique (Lc 7, 1-36) fût Nicodème ; et de même le « pharisien » d’une autre onction, deux ans plus tard – l’avant veille de la crucifixion (Mc, 14, 3) … mais celui-ci s’appelle Simon le Lépreux. Donc incertitude ! Après tout, Jésus pourrait bien avoir eu plusieurs amis pharisiens à Béthanie et à Jérusalem où il finit par compter de très nombreux disciples (Jn 2, 23 ; 7, 30 ; 9, 27 ; 12, 11-12 et 19) et, parmi eux, même des dirigeants (Jn 12, 42).

à suivre ...

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 09:34

par Louis Cornu … suite des articles précédents

cene_le_disciple_que_jesus_aimait_ter.jpgDans sa ville, où il a retrouvé ses connaissances, son entourage familial, le Disciple va être le témoin – peut-être à l’occasion, témoin particulier – de l’activité de Jésus : le coup de main contre les marchands du Temple, la rencontre de Nicodème, puis, après les festivités de Pâque, l’activité de proclamation et de baptême en Judée.

 

illustration : peinture de Jacopo Bassano. L'accent est mis sur la jeunesse du Disciple (un adolescent androgyne).

 

Selon l’évangile de Jean, Jésus va passer quelques temps à Jérusalem puis en Judée au printemps 28, avec des disciples (mais on ne sait qui). Pendant ce séjour, il est naturellement en contact avec ce Disciple, dont il a fait la connaissance quelques jours plus tôt. Il se peut qu’il réside chez lui mais on ne peut l’affirmer car il est également possible – et c’est même plus probable – qu’il ait été accueilli chez Lazare de Béthanie, village des environs de Jérusalem. Nous devons accepter de rester dans l’incertitude à ce sujet, mais il reste que le récit de ce séjour, en Jn, est celui de quelqu’un qui est proche des évènements : il voit … ou bien il est rapidement et assez précisément informé.


Au IIème siècle, Irénée de Lyon se réfère à une tradition apostolique transmise par « Jean l’Ancien et par d’autres apôtres » (ADV HAER, II, 22,15). « Jean l’Ancien », selon toute vraisemblance est l’appellation sous laquelle était connu à la fin du siècle ce disciple que Jésus avait aimé ; il est alors âgé … et l’un des rares proches de Jésus, encore vivants.


A Jérusalem, après l’affaire des marchands du Temple (lien), les responsables religieux vont ranger Jésus dans la mouvance du Baptiste, comme un individu à surveiller.

à suivre …

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 05:39

par Louis Cornu (suite des articles précédents)


Dans le groupe de leurs disciples [ndlr – à Jean le Baptiste et à Jésus], il y a des nouveaux : André, Pierre, Philippe, Nathanaël ( ?), mais aussi, très probablement, des anciens qui gravitaient autour du Baptiste, comme le Disciple, depuis le début de sa prédication messianique, sinon depuis plus longtemps encore si, comme on peut le penser, le Baptiste n’est pas un essénien dissident, mais un essénien en mission avec des acolytes esséniens comme lui. Sur cette base, ont peut avoir une vision assez réaliste des « disciples de Jean » dont il est fait mention en Jn 3, 23 et surtout en Lc 7, 15. Bien entendu, le Disciple ne renie aucunement le Baptiste lorsqu’il s’attache à Jésus. Désormais proche de lui, il assiste à sa rencontre avec Nathanaël (Jn 1, 43-51).


Ce dernier  - Israélite pur jus – n’avait pas encore entendu parler de Jésus. D’abord sur la réserve, il va rapidement le proclamer « Fils de Dieu, roi d’Israël », déclaration d’allégeance messianique davidique sans notion de divinité incarnée. Jésus ne la repousse pas, mais en oriente le sens vers la figure du Fils de l’Homme. C’est, dans les quatre évangiles, la première utilisation de cette figure dont le Disciple expliquera plus tard le statut divin (Jn 5, 26). La rédaction spontanément nationaliste de Nathanaël est l’illustration du glissement dangereux que redoutaient les autorités de Jérusalem.


Nouvelle recrue de Jésus, le Disciple, va donc assister aux « Noces de Cana » avec d’autres disciples, dont il ne présente pas l’identité, puis rentrer à Jérusalem où Jésus monte lui aussi pour la Pâque (30 avril 28) après quelques jours passés à Capharnaüm.

à suivre ...

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