suite de l'article précédent
ATTENTION, notre analyse porte sur une partie seulement des communautés qui se disent "évangéliques", à savoir celle qui est effectivement indépendante des autres dénominations chrétiennes, voir notre article précédent (lien)
l’émergence d’un christianisme indépendant
01 - Les chrétiens évangéliques sont apparus au début des années 1740 aux Etats-Unis dans un contexte de Grand Réveil. Les colonies anglaises du Nouveau Monde sont alors véritablement secouées par un mouvement religieux populaire avec effusions publiques d’expression piétiste, un « pentecôtisme » avant l'heure. C'est le Great Awakening. Ce n’est donc pas une mouvance aussi récente qu’on le pense.
Nombre de chrétiens n’apprécient pas alors cette effervescence. En 1742 - Charles Chauncy écrit contre cette effervence le pamphlet Enthusiasm Described and Cautioned Against. Les Puritains résistent à cette déferlante et, par contre coup, celle-ci favorise des mouvements plus raisonnés comme 1) l’universalisme qui repose sur l’affirmation que Dieu accorde le salut à tous, sans prédestination, ni rejet des incrédules dans un Enfer – En 1779, le prédicateur wesleyien John Murray, venu de Grande-Bretagne, fonde la première église universaliste officielle à Gloucester dans le Massachusset et deviendra ministre à Boston en 1793 -, 2) ainsi que l’unitarisme issu de l’anti-trinitarisme des Réformes protestantes du XVIème siècle - en 1785, la King's Chapel à Boston, jusqu'alors épiscopalienne, ordonne le pasteur unitarien James Freeman et rectifie les références concernant la Trinité dans son livre de prières. Ensuite, William E. Channing, dans un sermon de 1819, donnera ses lettres de noblesses à l'unitarisme américain.
02 - Ils se situent d’emblée dans un espace résolument trans-confessionnel, voir même post-confessionnel lorsqu'il y a l’affirmation que les confessions divisent les chrétiens : leurs communautés ont des appellations particulières, mais ce ne sont pas désormais des dénominations qui renvoient à une théologie spécifique comme c'étaient le cas pour les luthériens, calvinistes ou réformés, baptistes, adventistes, témoins de Jéhovah, pentecôtistes, etc. Elles s’affirment comme indépendantes, et nombre d’entre elles ne sont pas affiliées à une fédération quelconque. On est chrétien avant tout et cela suffit.
03 – En cela il convient de les distinguer des Eglises qui, bien que se dénommant « évangéliques », relèvent d’un courant particulier. Les luthériens par exemple se présentent comme Eglises évangéliques (en France, c’est l’Eglise évangélique luthérienne). En Suisse, des Eglises « évangéliques » dérivent de l’histoire du calvinisme (par exemple l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud EERV). Les baptistes ont aussi une Eglise évangélique baptiste, idem pour les pentecôtistes. En France, les mennonites et les méthodistes * se disent « évangéliques ». Les Alliances évangéliques (comme par exemple en France l’Alliance évangélique française) joue sur ces dénominations pour ratisser large !
* Les méthodistes italiens se disent aussi « évangéliques », alors qu’en Grande-Bretagne, le berceau du méthodisme, aux Etats-Unis et en Afrique noire, l’Eglise est méthodiste sans ajout de qualificatif. Les mennonites, quant à eux, sont originaires de l'anabaptisme.
Il convient aussi de les distinguer du courant protestant « évangélique », que les historiens qualifient aussi d’orthodoxe car il s’est affirmé pour défendre l’orthodoxie protestante mise à mal par l’approche historico-critique de l’Ecole des exégètes protestants allemands à partir des années 1830. Les libristes en France appartiennent à ce courant, ainsi que les darbystes, etc.
Enfin, il faut compter sur un effet de mode, la mouvance évangélique étant en pleine expansion, de nouvelles communautés en adoptent volontiers la dénomination.
Bien entendu des chrétiens évangéliques peuvent continuer à pratiquer au sein des Eglises historiques du protestantisme. Par ailleurs une mouvance « charismatique » très dynamique s’est développée au sein de l’Eglise catholique romaine qui a su l’accueillir et l’intégrer.
C’est dire combien les frontières de cette mouvance sont floues, mouvantes, fluides, difficiles à établir. Nous le faisons néanmoins ici pour les besoins de l’analyse, du moins comme première approche et pour éviter les amalgames qui consisterait à parler de choses différentes en même temps.
la relation avec les autres
04 - Ils sont christo-centrés et proclament le salut pour tous par un Jésus qui serait Rédempteur de nos péchés et qui nous entraîne dans sa Résurrection. En cela ce sont des confessants du kérygme de la Pentecôte (qui fut la toute première foi chrétienne). C’est le « solus Christus » des protestants de la Réforme. Chacun a à cœur de porter lui-même publiquement témoignage en expliquant que naguère il était dans les Ténèbres (de Satan, de l’immoralité ambiante, de l’absence d’éducation ou d'une mauvaise éducation, de néfastes influences et fréquentations, etc.) mais que, dorénavant, ayant rencontré Jésus, il est dans sa Lumière. C’est le chemin de Damas, mis en scène lors des offices, avec des revirements spectaculaires de comportement. Il s’agit là de messages personnels, au niveau du vécu de sa propre existence. Jésus nous sauve, Jésus sauve chacun d’entre nous. C’est le Bon pasteur qui va chercher sa brebis égarée.
05 – Il en est de même pour la mouvance pentecôtiste, mais celle-ci insiste sur les phénomènes liés au Saint-Esprit : le parler en langue, les ondoiements, les transes, la prophétie, etc. Le sociologue Sébastien Fath (lien) dit à son propos que la perspective y est plus spirito-centrée et que la figure du prophète tend à y remplacer celle du pasteur, l’inspiration prenant ici le relais de l’enseignement. Or, si l’osmose existe entre les deux mouvances, nombre de chrétiens évangéliques n’ont pas une foi d’expression pentecôtiste.
06 – Les chrétiens évangéliques ne sont pas des libéraux théologiquement parlant puisqu’ils affirment une voie obligée, passant nécessairement par Jésus, par un seul intercesseur, voire même une porte étroite. Les autres chemins mènent au non-salut de l’homme, à son maintien dans les ténèbres ; les autres sont dans l’erreur.
07 - Toutefois ils ne sont pas exclusifs des autres mais au contraire prosélytes puisque tous les hommes de bonne volonté sont conviés au repas céleste indépendamment de leur appartenance. Ils ne rejettent personne ; nul n’est exclu d’avance pour ses choix, bien qu’il soit dans l’erreur tant qu’il n’a pas compris qu’il fallait rejoindre Jésus. Leur prosélytisme les conduit à des relations inter-religieuses tout azimut et inconditionnelles, très loin de l’attitude réservée et prudente des Eglises protestantes historiques. Ils convertissent des agnostiques et des athées, des chrétiens dont la foi était assoupie ; ils font redécouvrir Jésus aux Juifs (ils sont volontiers en relation avec les Juifs messianiques ou encore avec les chrétiens qui se disent « sionistes »). Conformément à l’invitation de Jésus, ils aiment les autres.
08 – Ils ne participent pas pour autant à l’élan œcuménique car ils jugent que les Eglises historiques se sont attiédies dans leur foi, assoupies sur leurs lauriers, sinon ont trahi leurs débuts. Pour rétablir le lien à Jésus, il faut réactiver les promesses du baptême, se réengager à la suite de Jésus ; ce sont des New born again, des renaissants. Poussant cette exigence, certaines communautés se présentent comme plus pures, plus sanctifiées, et se tiennent prudemment à l’écart des autres afin de ne pas être contaminées, souillées. Elles sont alors le Reste d'Israël en attente de la Parousie.
09 – Autre limite dans leur approche d’autrui : ils pensent que le refus manifeste de la conversion équivaut au choix du péché. Pour autant, ils ne pratiquent pas l’excommunication, ni l’anathème, car c’est à Dieu que revient la décision finale du salut. Ils parlent peu de l’enfer proprement dit, le péché étant plus un non-salut qu’une damnation. Le rôle de Satan n’est pas nié mais il ne pèse guère en face de l’attraction de Dieu ; quant à l’Antéchrist de l’Ecole johannique, il n’est pas non plus une obsession. En cela, on est à l’opposé du calvinisme du XVIème siècle.
10 – une fois converti, touché par la Grâce de Dieu, on peut fréquenter la communauté de son choix dès lors qu’elle est évangélique ; il n’y a pas de chasse gardée, de jalousie ecclésiale au sein de la mouvance ; certains fidèles fréquentent plusieurs lieux de culte indistinctement ; mais il ne convient pas cependant de s’égarer dans des Eglises qui ne seraient pas fidèles à Christ ! Lors d’une manifestation comme la venue d’un prédicateur célèbre, les diverses communautés convergent comme un seul homme.
une façon de lire la Bible
11 - la Bible est une parole « révélée » par Dieu, lequel nous a envoyé son Fils pour nous sauver. Ce message est parfaitement lisible pour tout le monde, sans contradiction interne, sans erreur historique et scientifique puisqu’il n’est pas une œuvre humaine, mais divine. Ils sont biblicistes : la Bible, seule, est la Vérité puisque Parole de Dieu. En cela, ils affirment la même chose que les coranistes : le Coran descendu du ciel et donc intouchable (en plus pour ces mêmes coranistes : écrit dans la langue sacrée qu’est l’arabe antique et donc non traduisible). Seule la Bible comme connaissance de la Vérité. Mais, sur les questions non traitées par la Bible, les chrétiens évangéliques acceptent tout à fait les connaissances scientifiques, dès lors que celles-ci ne sont pas en contradiction flagrante avec le corpus religieux.
12 - On s’arrête au Nouveau Testament et on n’a pas besoin des Pères de l’Eglise ; on se limite aux textes canoniques et on n’a pas besoin des apocryphes ou autres documents. Le fondamentaliste est ici total, alors que les protestants du XVIème siècle faisaient grand cas des Pères de l’Eglise. La Sola scriptura est donc appliquée au sens strict du terme. Les lectures profanes ne sont pas non plus conseillées, puisque « tout » est consigné dans la Bible.
13 – Le sens littéral des textes bibliques est souvent le seul capté. Tout y est pris pour argent comptant, sans esprit critique. Par exemple, le créationnisme est affirmé sur la base seule de la Genèse, et non à partir de l’étude des faits amassés par les scientifiques (lesquels ne sauraient avoir raison contre Dieu !) ; ce créationnisme naïf est ici à distinguer du Dessein intelligent qui, lui, est autre chose (une hypothèse contre le hasard, renvoyant à la structure interne et à la dynamique de la matière et de la Vie). Bien entendu le degré de ce littéralisme peut varier selon la formation et la culture de chacun.
une foi sans théologie ni exégèse
14 – La relation est directe avec Dieu comme le proclamait déjà le protestantisme, mais cette fois-ci, l’enseignement religieux n’est même plus nécessaire (alors que c’est le rôle principal du pasteur protestant). Les textes sont lus pour proclamer la puissance de Dieu mais non pour en donner l’explication : plus de catéchismes ou d’écoles du dimanche, plus besoin de pasteurs de niveau universitaire, formés dans des facultés de théologie. Ecoles primaires et formation des pasteurs au niveau du milieu du secondaire (classe de 3ème, BEPC) sont largement suffisants. Il suffit de lire les Ecritures saintes et de s’y retrouver dans les citations, lesquelles servent seulement d’exhortations et d’argumentaires péremptoires. Les prédications proclament la foi, et, à celle de l’orateur, répond celle des fidèles unanimes par des amen et des alléluia. En plus spontané et exalté, cela correspond aux répons des fidèles lors d’une messe catholique. Au sein de l’islam, cela correspond à la position des salafistes (mais la violence en moins !) lesquels font fi des grandes Ecoles juridiques, des élites historiques, des maîtres spirituels soufis et de l’apport des multiples mouvements que l’islam a pu connaître.
15 - Hormis quelques points « bibliques » qu’il ne faut pas toucher car cela correspond à une lecture littérale de la Bible, cette mouvance ne s’intéresse pas à la théologie proprement dite, ni à l’exégèse des textes. Elle est bien loin des professions de foi ciselées, bien précises, âprement discutées en synode par les protestants. Ce n’est pas là son affaire. La Parole de Dieu se suffit à elle même, il n’est pas nécessaire de la commenter, de l’expliquer, de l’étudier, d’en montrer les tenants et les aboutissants, les secrets ou les mystères. Les approches historico-critiques ou encore ésotériques ne sont pas de mises. La Parole est dite, redite, proclamée, assénée à satiété pour qu’on s’en émerveille.
16 - La discussion des dogmes ne les intéressent pas tellement, que ce soit celle des variantes trinitaires (arienne, nestorienne, etc.), du Péché originel (à distinguer du simple péché) , du positionnement de Marie, ou autres, etc. En cela, ils sont moins dogmatiques que les protestants évangéliques dit « orthodoxes », ou encore d’autres biblicistes comme les Témoins de Jéhovah. Il existe même des évangéliques qui se disent chrétiens unitariens (donc anti-trinitaires) tout en maintenant le lien privilégié et exclusif entre Dieu et son Fils (ce que ne font plus la plupart des chrétiens unitariens qui, eux, s’affirment libéraux). A la limite, contrairement aux Eglises dénominationnelles, les évangéliques n’ont pas de doctrine ! Il s’ensuit une certaine liberté de penser.
17 - C’est la foi seule (sola fide) de la Réforme protestante du XVIème siècle, mais dans ce cas, elle est finalement plus liée à la décision de l’homme qu’à l’arbitraire divin (Dieu est toujours amour ; il attend tout simplement notre réponse !) En somme un protestantisme à visage humain et à portée de l’homme ?
18 - Ils ont une vision optimiste de l’homme et de son devenir. Ils ne parlent jamais du Péché originel qui nous handicaperait dès la naissance (mais on est pécheur « en général »), de la nécessité incontournable des sacrements pour nous donner la force. Toute personne, par sa seule foi, peut y arriver, sans rite ni sacrement, sans clergé, sans Eglise. Ce sont des mouvements de piété. Toutefois, les bénédictions par les pasteurs, par les frères et sœurs assemblées sont appréciées.
une religion providentielle
19 - Dieu nous couvre de son amour et de ses bienfaits dès lors qu’on le reconnaît. On a parlé à leur propos de l’Evangile de la prospérité qui renvoie tout à fait à la théologie biblique de la rétribution terrestre d’avant Job.
20 – Le nom de Jésus (associé à Dieu dont il est le Fils) est puissant : Jésus guérit. On rappelle que Jésus fut en son temps thérapeute, multipliant miracles et guérisons. Les évangéliques exhibent leurs multiples guérisons comme autant de témoignages que leur voie est véridique et seule vraie et efficace. Qu’il suffit de demander dans la foi. C’est une religion guérisseuse.
une morale biblique
21 - La reprise de l’Ancien testament comme Parole de Dieu révélée aux hommes fait que les chrétiens évangéliques véhiculent une morale tout à fait antique, devenue de nos jours ultra conservatrice, d’où leur combat contre les avortements, le divorce, l’homosexualité, pour la seule raison que c’est interdit par la Bible (donc il n’y a pas de cas particuliers à prendre en considération ; l’interdit est absolu ; ce sont de rigoristes). Cette morale est finalement plus celle de l’Ancien testament que celle de Jésus qui, lui, prend en considération les cas particuliers.
22 - La politique est jugée également par rapport à ces absolus bibliques. En cela, on peut les accuser d’intégrisme. Ils votent en faveur des pouvoirs temporels qui « font la volonté de Dieu ». Ce n’est pourtant ni de Droite, ni de Gauche, mais c’est la nostalgie d’une théocratie. Ce ne sont pas des extrémistes, mais des absolutistes sur certaines questions morales affirmées par la Bible. Par leurs votes, ils sont nombreux à rejoignent les plus conservateurs, à la fois héritiers des Puritains et les catholiques de Droite.
Nonobstant, ils s’intéressent au Royaume de Dieu et non aux royaumes terrestres. Ils veulent des princes adéquats avec leur foi mais ils ne cherchent pas pour autant à prendre le pouvoir temporel. Ils votent en général pour les partis conservateurs mais n’apprécient pas la politique proprement dite et il n’y a pas de parti politique qui se disent « évangéliques ».
23 – une Gauche évangélique ? Sur les points non traités par la Bible, ils peuvent se montrer plus ouverts. Aux Etats-Unis, en face d’une importante Droite évangélique, une « Gauche » évangélique (evangelical left) pointe le nez ! (lien). D’une façon générale, s’ils se montrent sévères vis-à-vis de ce qui leur apparaît comme un délabrement des moeurs, ils ne sont nullement contre le modernisme en général et tout progrès, bien au contraire : ce ne sont pas des Amishs ! Des théologiens évangéliques se déclarent même post-conservateurs et relativisent les positions initiales.
mode d’organisation ecclésiale
24 – Ils ne forment pas une même Eglise, mais une mouvance, sinon une nébuleuse aux multiples ecclésioles … dont certaines ont grossi et sont devenues des « internationales ». Le système encourage les initiatives et les communautés de proximité se multiplient comme autant de petites entreprises. Elles sont conviviales, festives et on s’y entraide. On n’exige pas du pasteur qu’il ait fait des études supérieures et on n’est pas regardant sur les diplômes qu’il peut présenter. On lui demande d’être surtout charismatique, d’être un homme de piété par qui les bénédictions de Dieu pourront rejaillir sur ses fidèles, d’être accueillant et disponible envers tous. S’il tombe lui-même dans le péché, ses fidèles l’abandonneront. Sa vie privée doit en conséquence être exemplaire. Il doit faire partie des saints hommes qui montrent l’exemple.
25 – ces petites communautés où les nouveaux venus sont accueillis chaleureusement, où on peut se faire rapidement des relations, correspondent au besoin des immigrés, immigration interne dans le cadre d’un même pays ou encore immigration d’étrangers. Nombre de ces communautés sont d’ailleurs en fait des Eglises ethniques animées par des populations qui y apportent une culture colorée et une sociabilité plus spontanée.
26 – Certains pasteurs s’enrichissent, mais pas tous ! Dans les milieux plus aisés, la dîme biblique (le 10ème de nos revenus) peut plus facilement être perçue. Et puis, suite aux guérisons qui sont toutes attribuées à Jésus, mais auxquelles le pasteur ou son Eglise ont collaboré, des dons généreux de fidèles reconnaissants sont versés. La mouvance a par ailleurs ses militants dévoués ; elle a aussi ses mécènes. Des terrains sont achetés, des lieux de culte construits en durs. Des contrats peuvent être passés avec des banques pour que celles-ci avancent des fonds en échange d’une invitation faite aux fidèles d’y mettre leurs comptes, etc. Les télé-évangélistes deviennent des vedettes ; des show sont organisés avec eux. Ils sillonnent le monde avec des manifestations orchestrées par la mouvance évangélique locale qui s’active alors d’une façon tout à fait unanime.
27 – L'organisation pratique des évangéliques est résolument moderne, sans restriction. L’espace du chœur est transformé en podium pour un spectacle orchestré par le pasteur. Sous la houlette des pasteurs les plus entreprenants, des mega-church dotés de vastes parkings apparaissent à la sortie des villes. Des complexes se développent avec salles de réunion, chambres de passage, établissements scolaires, services et commerces, etc., et le succès est au rendez-vous.
28 – C’est un système sans surveillance (sans évêque, dont l’étymologie grecque dit qu’il est un «surveillant») , mais si la gestion d’une communauté se révèle catastrophique, celle-ci périclitera et se dissoudra. Une autorégulation se met donc en place. Finalement, il semble bien que les dérapages n’y sont pas forcément plus nombreux que dans un système hiérarchisé où un clerc peut éventuellement faire jouer ses relations d’en haut pour se maintenir en toute impunité malgré le désaveux des fidèles.
sont-ils protestants ?
29 – Pourquoi rejoignent-ils les rangs des fédérations protestantes ? Est-ce afin de ne pas être stigmatisées comme « sectes » par les catholiques et autres ? Est-ce parce qu’ils perçoivent dans le protestantisme la liberté ecclésiale de faire autant d’Eglises que l’on veut ? de lire la Bible directement ? En face, certains protestants sont ravis d’augmenter leurs effectifs, d’autres, par contre, surtout dans les rangs des libéraux, craignent leur conservatisme moral et politique et l’expression d’une foi qui est mise en spectacle.
30 - Quoiqu’il en soit, ils ne se rattachent en aucune manière à l’histoire du protestantisme. Leur vécu est «ici et maintenant», sans référence à l’Histoire. On saute de la Bible au présent sans aucune transition. La Réforme, connaissent pas ! Encore moins la « Réformation ». Là aussi, tout comme les salafistes en islam, ils annulent le Temps et l’Espace et font fi des contingences. Ils sont partout chez eux puisque porteurs d’un message universel pour le monde entier : la Bonne nouvelle. Tant pis pour les Eglises déjà installées !
Si vous avez des remarques à faire sur ce texte, vous pouvez les adresser à l’auteur sous couvert de la Correspondance unitarienne (contact). Elles seront prises en compte et serviront à enrichir ce texte ou à le rectifier. Nous remercions déjà tous ceux qui nous ont aidé à la mise au point de cet article avant sa publication.
à suivre ...