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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 14:05

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à voir sur le site des chrétiens unitariens (Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens / AFCU), lien.

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 07:54

" Impensable résurrection " par Henri Persoz, avec une importante préface d'André Gounelle, éditions Passiflores, 2012, 209 p., 6.65 € à la librairie sur la Toile " L'arrêt aux pages.com" (lien).


Présentation du livre par l'éditeur


resurrection_henri_persoz.jpgPour de nombreuses personnes aujourd'hui le christianisme est synonyme de croyance en une vie au delà de la mort. Pourtant, à l'intérieur du christianisme les choses sont assez différentes. Déjà les textes des évangiles sont d'une extrême sobriété à propos de la résurrection de Jésus Christ mais ils le sont davantage encore à propos de la résurrection des morts. Le présent ouvrage présente un panorama des religions et spiritualités méditerranéennes antiques puis un minutieux examen des textes bibliques. Cette étude est présentée dans un langage précis et accessible au plus grand nombre. Pour Henri Persoz, le thème de la résurrection des morts est radicalement secondaire à l'intérieur de la foi chrétienne où le plus important concerne le soin à accorder aux personnes vivantes sur cette terre.

 

Henri Persoz et le professeur Andé Gounelle sont deux personnalités de premier plan de l'association Evangile et Liberté en particulier et du protestantisme libéral en général.

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 10:42

par Jean-Claude Barbier (à la suite de "la rivalité entre Pierre et l'autre disciple" et des articles précédents de la série "le tombeau vide"). L'article présent a été publié le jeudi 9 avril 09 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

Alors que les évangiles synoptiques citent volontiers Marie comme mère de Jésus en relatant la naissance de celui-ci, seul Jean l’évangéliste situe Marie à l’aube du ministère de son fils, avec son rôle d’intermédiaire lors des noces de Cana. Très beau texte et en plus fort sympathique qui a eu le succès qu’il méritait, mais dont le sens s’inscrit dans un contexte d’héroïsation de Jésus et donc bien ultérieur, à savoir celui d’un parallèle entre Jésus et Bacchus / Dionysos, demi-dieu dont l’exploit était de transformer de l’eau en vin (voir l’article de Béatrice Spranghers " Par delà de Dionysos " sur le site de Profils de libertés).


Par contre, les synoptiques témoignent d’une rupture de Jésus d’avec sa famille. Lors d’un passage dans son village natal, Nazareth, "les siens" cherchent à mettre la main sur lui afin de l’empêcher de continuer car, selon eux, il a perdu le sens ("... les siens sortirent pour s’emparer de lui, car ils disaient : " il est hors de sens ", Mc 3, 20-21). Plus tard, lorsqu’on dira à Jésus que sa mère et ses frères sont dehors et cherchent à lui parler, Jésus refuse de les recevoir et en profite pour discourir sur sa famille spirituelle " Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la pratiquent " (Lc 8, 19-21, parallèles avec Mc 3, 31-35 et Mt 13, 46-50).

La famille de Jésus est en contre point, à l’écart, en rupture. Telle est donc notre surprise * de la voir rappliquer le jour de la Pentecôte. Les disciples (Pierre et Jean d’abord nommés) sont réunis dans la chambre haute "avec les femmes et Miriâm, la mère de Iéshoua’, et avec ses frères" (Ac, 1, 13-14). L’iconographie chrétienne s’empressera de placer Marie au centre de la nouvelle communauté, ce que le texte ne dit pas.
* dans nos articles précédents, nous avons émis l’hypothèse d’un enlèvement (tout à fait légitime d’ailleurs !) du cadavre de Jésus par sa famille pour une inhumation définitive.

Par sa présence avec les disciples, la dite famille assume l’héritage social de leur fils défunt. Jacques, le frère de Jésus, qui n’est pas encore nommé le jour de la Pentecôte, s’imposera comme la figure majeure de la nouvelle communauté.

 Alors que les 3 synoptiques énumèrent les femmes qui sont présentes lors de la crucifixion de Jésus et de sa mise au caveau, puis qui se rendent au tombeau de dimanche matin pour procéder aux soins funéraires, seul Jean l’évangéliste cite la mère de Jésus ; mieux il la place au pied de la croix. Après le coup de Cana, on peut s’interroger sur la raison d’être de cette information bien tardive. D’autant plus que la scène est au bénéfice du " disciple que Jésus aimait " (qui rappelons le n’est pas Jean l’apôtre, le fils de Zébédée) : Jésus lui confie, avant d’expirer, le soin de s’occuper de sa mère. Lorsqu’on sait que les Romains tenaient la foule à distance, on ne peut que douter qu’un tel dialogue ait pu avoir lieu.  La peinture saint-sulpicienne ci-contre est bien romantique !

Bien entendu, on peut procéder à une lecture toute spirituelle : Marie incarne la nouvelle lignée des croyants, l’Eglise naissante – ce qu’avait déjà dit en d’autres termes la généalogie de Jésus selon Matthieu où l’Histoire sainte passe par des lignées ouvertes par des femmes (Tamar qui se prostitua, Ruth la Moabite, la femme adultère d’Urie, enfin " Miriam, de qui naît Iéshoua, dit messie " Mt 1,16).

Manifestement l’évangile de Jean récupère la figure de Marie à son profit. On montre aux pèlerins et touristes, encore de nos jours, la maison que Marie aurait habitée à Ephèse ; elle y aurait fini ses jours. Plus tard, en 431, ce sera à Ephèse qu’un concile condamnera le patriarche de Constantinople, Nestorius * qui renâclait à reconnaître que Marie était bel et bien " Mère de Dieu " dès lors que son fils était considéré comme Dieu incarné (par le concile de Nicée en 325).

* Nestorius pensait que la nature divine, éternelle, s’était unie à la nature humaine lors de la naissance du Christ (et non lors de la conception). La Vierge se voit ainsi refuser l’appellation de " Mère de Dieu ". Cette " hérésie " se répandit en Syrie et donna naissance à l’Eglise nestorienne.

Or Ephèse est la cité de la grande Déesse Artémis, haute figure féminine de l’Antiquité ; les chrétiens de cette ville, en récupérant Marie, lui opposent le culte marial. Bien joué ! ... même si c’est au prix d’un détournement de l’histoire réelle.

Et puis, le sens spirituel est sauf, Marie est la mère des chrétiens (à défaut, pour les unitariens, d'être mère de Dieu !).

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 10:12

par Jean-Claude Barbier (à la suite de l'article "au tombeau avec Pierre et le disciple que Jésus aimait" et ceux de la série "le tombeau vide"). L'article présent a été publié le mercredi 8 avril 09 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

Y aurait-il eu des relations de chat et chien entre ces deux grandes figures du Nouveau Testament ?

Le "disciple que Jésus aimait" n’est pas Jean l’Apôtre (qui, lui, est dit "fils de Zébédée" avec son frère Jacques), ni Jean l’Evangéliste, même si celui-ci se rapporte à son témoignage. Il a été décrit par Michel Benoît (rubrique "la question Jésus" sur son site) comme Judéen, citadin, habitant la capitale Jérusalem, propriétaire de l’habitation qui sera le Cénacle, l’un des premiers disciples. Il est précis et détaillé dans son témoignage, donne les lieux et les dates à l'heure près. A partir de ce profil et de cette marque de fabrique Michel Benoît a tenté de reconstituer son Evangile, qui s’est retrouvé enfoui dans le 4ème évangile, celui de Jean.

Pierre et ce disciple, tout les oppose : l’origine géographique (la Galilée / la Judée), le milieu de vie (rural / urbain), l’activité professionnelle (Pierre est simple pêcheur de Capharnaum /le disciple, quant à lui, fréquente les hautes sphères autour de Caïphe et du Sanhédrin), le niveau d’instruction (l’épître de Pierre est attribuée à Pierre / le disciple bien aimé marque de sa silhouette le talent littéraire du 4ème évangile), l’âge (le disciple est suffisamment jeune pour se permettre de poser la tête sur la poitrine de Jésus lors de la Cène, et on le voit courir plus vite que Pierre pour arriver au tombeau vide). Le disciple non nommé est également proche des esséniens, du moins vit-il dans leur quartier et son serviteur est de cette secte car les Esséniens sont célibataires et doivent assumer eux-même une corvée habituellement réservée aux femmes (remarque pertinente faite par Michel Benoît).

"Voici, comme vous entrerez dans la ville, viendra à votre rencontre un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le dans la maison où il pénétrera, et vous direz au propriétaire de la maison : "Le Maître te dit : Où est la salle, où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et celui-là vous montrera une salle-haute, grande, garnie de coussins ..." (Lc 10-12, même récit chez Matthieu, plus bref chez Mc 26, 18 où Jésus désigne précisément le lieu mais dont le nom du propriétaire est tenu secret " "Allez dans la ville chez un tel") -
curieux "un tel" pour désigner la demeure du disciple décidément bien mystérieux.

Pierre est avec d’autres pêcheurs du lac de Tibériade, ses potes avec qui il monte en barque pour aller pêcher. Le disciple, lui, met en avant les quelques disciples que Jésus avait en Judée : Nathanaël, Nicodème, Joseph d’Arimathie, tous membres ou proches du Sanhédrin, et puis Lazare et sa famille à Béthanie. Il récupère aussi, et lui seul, la rencontre de Jésus et de la Samaritaine aux nombreux maris (mais c’est Luc qui seul racontera le mauvais accueil d’un village de Samaritains, Lc 9, 51-56, puis la parabole du Bon Samaritain, Lc 10, 29-37).

Lors de la Cène, il est à la droite de Jésus. Normal, il est l’invitant, celui qui accueille le maître et ses disciples chez lui, dans la chambre haute de sa demeure. Lorsque Jésus dramatise la soirée en évoquant une trahison, il pose la tête sur la poitrine du maître dans un geste assurément juvénile – certains aujourd’hui ne manquerait pas de soupçonner une homosexualité *

* on peut penser que s’il y avait eu un tel soupçon de la part des disciples, ceux-ci n’auraient pas suivis leur Maître et la cohorte se serait vite désagrégée vue la haine des Juifs vis-à-vis de l'homosexualité (depuis Sodome et Gomorrhe !).

Or, c’est précisément cette position à côté de Jésus que la mère de Jean et Jacques "les fils de Zébédé", accompagnée de ses fils, est venue quémander un peu hâtivement auprès de Jésus, du moins si l’on en croit Marc (
10, 35-40) et Matthieu (20, 20-23).

Après cette histoire du tombeau vide et de résurrection, le disciple aimé disparaît de la circulation. En fait, c’est normal puisque seul l’évangile tardif de Jean en parle ! Son témoignage de Judéen sera récupéré par les chrétiens d’Ephèse, peut-être après que nombre de Juifs de Jérusalem aient pris le chemin de la diaspora suite à la destruction de leur Temple en 70 (c’est après la seconde Révolte juive, en 135, que les Juifs seront définitivement interdits d’habiter à Jérusalem). Bien placé dans l’entourage de Caïphe, la consigne aurait sans doute été donnée de la plus grande discrétion vis-à-vis des services également tout à fait discrets rendus par ce jeune Judéen.

Icône de l'apôtre Jean au monastère de l'Île de Patmos (sans crainte d'anachronisme, la tradition chrétienne a tout simplement mis l'Apocalypse et les 3 épîtres de Jean au compte de Jean l'Apôtre !).

Ce sont Pierre et Jean fils de Zébédé qui montent en première ligne : Pierre parle au nom de la communauté, puis, avec Jean, monte au sanctuaire pour la prière de la neuvième heure. Ils y guériront un boiteux au portique de Salomon (Actes 3) et commenceront leur prédication publique ...


Michel Benoît pense au contraire qu’il y eut conflit de pouvoir entre Pierre et ce disciple dont le nom aurait été délibérément effacé par la première communauté et les trois évangélistes synoptiques.

Lorsque Jean l’Evangéliste met la touche finale à son texte, il évoque une bien curieuse rumeur (sans doute courant dans les milieux johanniques d’Ephèse) comme quoi ce disciple ne mourrait pas avant le retour en Gloire du Maître. La scène est mise dans le cadre des apparitions post-pascales, au bord du lac de Tibériade lors d’une ultime partie de pêche :

"Pierre, s’étant retournée, aperçoit le disciple que Jésus aimait qui suivait, celui qui, durant le repas, s’était penché sur sa poitrine et avait dit "Seigneur, quel est celui qui te livre ? ".  Pierre donc, en le voyant, dit à Jésus : " Seigneur, mais celui-ci, qu’en sera-t-il ? ". Jésus lui dit : " Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi ". Ce propos se répandit donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Mais Jésus ne lui dit pas qu’il ne mourrait pas, mais "Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce qu’il vienne, que t’importe ? " (Jn 21, 20-23). Jean l’Evangéliste est seul à rapporter cette rumeur.


Selon notre thèse "géographique", cette rivalité serait une simple opposition de figures. Les protagonistes sont morts, Pierre, sans doute en 64 lors de la répression contre les chrétiens accusés par Néron d’avoir mis le feu à Rome et le disciple aussi (s’il avait eu 20 ans à la mort de Jésus, il en aurait eu au moins quelques 60 ans de plus lors de la publication du 4ème évangile !).

Ephèse est un cité émergente qui prend de l’importance. Avec l’Ecole johannique, elle devient un pôle chrétien de tout premier plan. La prééminence de Rome (qui a pris le relais de Jérusalem détruite) est acceptée, mais les chrétiens d’Ephèse se positionnent. Plus tard, d’autres pôles émergeront également comme par exemple les Eglises d’Alexandrie (en Egypte) et d’Edesse (en Mésopotamie), affirmant un christianisme nettement décentralisé.

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 10:01

par Jean-Claude Barbier (à la suite de l'article "faut-il croire à la Résurrection ?" et des précédents de la même série sur "le tombeau vide"). Cet article présent a été publié le mercredi 8 avril 2009 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

Dans le tombeau, on retrouva – selon Luc 24, 12 - seulement les bandelettes qui servaient à nouer le linceul autour du cadavre (l’interprétation spirituelle pourra dire que le Ressuscité est "dénoué", délivré de ses liens matériels). Jean l’évangéliste y ajoute un suaire (Jn 20, 7) bien roulé et déposé à part des bandelettes. Ce suaire était posé sur le linceul au niveau du visage du mort et servait à étancher, si besoin était, le surplus de sueur.

Le linceul lui même a disparu avec le corps. Est-ce ce linceul qui fut ensuite à Edesse, à Constantinople puis en France et finalement à Turin où il est connu sous le nom de " Suaire de Turin ", ville où il est exposé dans la cathédrale ?

le tombeau vide montré par l'Ange aux femmes ; chapiteau de l'ancien choeur roman de l'abbaye de Mozac (Puy de Dôme)

L’évangile de Jean entend manifestement valoriser "le disciple que Jésus aimait", lequel n’est jamais nommé, mais dont le profil correspondant à un jeune Judéen de l’entourage de Caïphe et du Sanhédrin, citadin de Jérusalem et sans doute le propriétaire du Cénacle (la haute chambre où Jésus célébra la dernière pâque avec ses disciples, où ceux-ci se terrèrent après sa mort et où ils se réunirent à nouveau pour la Pentecôte).

Prévenus par les femmes, ce disciple et Pierre se précipitent ; le premier, qu’on devine plus jeune, arrive en premier, mais il attend Pierre qui a pour lui et l’âge et le rang de leader des disciples. Pierre entre donc le premier dans le tombeau, mais c’est le disciple en question qui, le premier, comprend ce qui se passe et sera le témoin par excellence.

Le texte de Jean l’évangéliste est tout en nuance … et en diplomatie : "Alors entra aussi l’autre disciple qui était venu le premier au tombeau (bien précisé auparavant, en Jn 20,4-6 !), et il vit et il crut (bien mis au singulier !). Car ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture, qu’il devait ressusciter des morts (et vlan pour les disciples – au pluriel – qui, eux, n’ont pas compris du premier coup !).

En code géopolitique, à la fin du Ier siècle, l’évangile de Jean vient de nous dire que Rome (avec les successeurs de Pierre) est toujours la tête de l’Eglise naissante (Jérusalem a sombré en 70 au terme de la première révolte juive et Rome a pris le relais), mais qu’Ephèse, qui se revendique du témoignage du disciple que Jésus aimait, est le centre de la Foi nouvelle.

A la fin de ce Ier siècle, la production littéraire de la communauté johannique d’Ephèse est en effet tout à fait étonnante et d’une très haute qualité ; elle est aussi fortement originale puisqu’elle introduit la théologie néo-platonicienne de la Parole (= Sagesse = Verbe) incarnée. Cela correspond aussi à l’apogée d’une ville qui, désormais, fait figure de capitale de l’Asie mineure. Après Jérusalem, Antioche, Rome, c’est un nouveau pôle majeur pour les chrétiens

* en plus de l’Evangile de Jean (Jean l’Evangéliste car l’apôtre du même nom est mort depuis longtemps), le Prologue qui y est mis ultérieurement, les 3 épîtres de Jean (Jean l’Ancien) et l’Apocalypse (Jean de Patmos selon l’auteur lui-même de ces révélations Ap 1,9).

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 09:45

par Jean-Claude Barbier (à la suite de l'article "L'éveil aux Ecritures sur le chemin d'Emmaüs" et des précédents). L'article présent a été publié le mercredi 8 avril 2009 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

C’est Paul qui le dit : ma foi est vaine si Christ n’est pas ressuscité !

Or, la Pâque chrétienne est rétroactive. Il y a eu relecture des évènements à partir de l'effervescence de la Pentecôte. Sur le coup, le dimanche matin, les femmes puis les disciples qu’elles alertent découvrent seulement un tombeau vide. L’étonnement et le désarroi sont grands car personne n’a assisté à la résurrection elle-même de Jésus, à sa sortie du tombeau ... ni d’ailleurs d’aucun autre humain !
*seul l’évangile tardif de Jean nous parle, comme pour mieux préparer les esprits, de la célèbre "résurrection de Lazare " Jn 11, 1-46 ; encore n’est-il pas précisé que Lazare ne mourra pas une seconde fois ... Alors que pour Jésus, ce serait du définitif, à savoir une victoire sur la mort.

Marie-Madeleine annonçant le tombeau vide / la Résurrection aux disciples, psautier de Saint-Alban, 1120s.

Le lien entre ce constat, inexplicable pour eux, et les textes du Serviteur souffrant (contenus dans le Livre d’Isaïe) ne s’imposera qu’après, suite à une maturation à la fois dans le fort intérieur de chacun et à la fois dans une exaltation communautaire d’abord en Galilée et qui culminera le jour de la Pentecôte à Jérusalem. C’est donc à la Pentecôte que jaillit le premier kérygme chrétien : Jésus est ressuscité d’entre les morts, il est donc le Rédempteur tant attendu (= notre Sauveur), notre Messie (= le christ par excellence ; d’où son appellation post-mortem "Jésus-Christ"). 

Ceci dit, nous n’avons plus aujourd’hui les mêmes références car, si nous pouvons apprécier la ferveur d’une espérance messianique, nombre de chrétiens ou croyants n’adhèrent plus à une Histoire sainte qui serait guidée par Dieu. La référence aux textes du Livre d’Isaïe ne sauraient, de nos jours, constituer une preuve. Au contraire, les historiens sont tout à fait en droit d’accuser les premiers chrétiens d’avoir rédigé les textes du Nouveau Testament pour faire croire à une actualisation des prophéties ... ce que ces rédacteurs n’ont d’ailleurs pas manqué de faire !

Restons en donc aux faits bruts comme nous l’avons déjà dit dans les textes de cette série, à savoir le constat du tombeau vide. Sans doute la famille est-elle venue récupérer le corps avant l’aube puisque le sabbat était terminé à la tombée de la nuit, le samedi soir, et nous sommes déjà au dimanche matin. De là la surprise tout à fait sincère des disciples qui leur donnera la force du témoignage (ce sont des hommes effectivement de foi et de conviction et non de vulgaires menteurs ou imposteurs !), et puis aussi l’apparition de la famille de Jésus à partir de la Pentecôte : Marie est là, avec les frères de Jésus à commencer par Jacques qui, plus tard, s’imposera à Jérusalem. Or cette famille avait été absente tout au long du ministère de Jésus ainsi que nous l’expliquerons dans un article ultérieur que nous consacrerons au mythe de la Sainte Famille).

Rappelons que l’inhumation dans le caveau de Joseph d’Arimathie n’était que provisoire. Elle fut improvisée (Jésus était bien portant et nul ne pouvait prévoir un dénouement aussi rapide et tragique) et elle fut hâtive puisque survenant à la veille d’un sabbat, un vendredi soir. Jésus fut-il inhumé à Talpiot, à une douzaine de kilomètres au sud est de Jérusalem ? ou ailleurs ?

Entre Pâques et la Pentecôte, les convictions individuelles se rencontrent – il est dit que Jésus apparut à plusieurs disciples à la fois, que ce soit à Jérusalem, puis en Galilée (sur une montagne, ou encore au bord du lac de Tibériade) où les disciples de cette région repartirent. A terme, les convictions – qui sont convergentes – sont communiquées, partagées ; elles deviennent communautaires. Lors de la fête de la Pentecôte, les disciples se réunissent à nouveau – et cette fois-ci avec la famille de Jésus *. C’est l’allégresse dans la certitude : Jésus est ressuscité conformément aux Ecritures du Serviteur souffrant. Le récit des pèlerins d’Emmaüs, lu dans Luc seul (24, 13-35) résume magnifiquement cette élaboration progressive du premier acte de foi des chrétiens, le premier Kérygme.

* La famille de Jésus gardera secret le lieu de l’inhumation, affaire privée d’une famille.

Alors, aujourd’hui où les mentalités sont de plus en plus imprégnées par les progrès scientifiques, pouvons nous encore proclamer un tel kérygme à l’encontre de toutes les lois naturelles que nous connaissons ? Peut-on en rester à cette pure croyance ? devons nous essayé de contourner le fait historique en disant qu’il faut lire les textes d’une façon toute spirituelle ? N’est-il pas temps de refonder la foi sur d’autres bases (par exemple l’enseignement de Jésus, ses faits et ses gestes) ?

Certes le kérygme de la Pentecôte est un bel élan, porteur d’une folle espérance de survie, de fusion éternelle avec les êtres que nous aimons (Jésus, Marie et tous les ressuscités à leur suite !), d’union mystique avec Dieu, etc., mais il isole aussi la foi chrétienne dans une croyance irrationnelle, tout à fait éloignée de notre expérience humaine et de nos connaissances. Comme disait Paul : folie pour les hommes ! Faut-il donc continuer à être fou pour être chrétien, au nom d’un enchantement du monde, d’une forte espérance qui console, mais alors d’un opium dirait Karl Marx ? Où bien, ne vaudrait-il pas mieux que la foi rime enfin avec la lucidité et le réalisme ?

Nombre de chrétiens unitariens, à commencer par notre Eglise historique en Transylvanie, ne fêtent pas la Pâque. Leur foi repose sur leur attachement à Jésus et la croyance en l’existence de Dieu, mais non sur cette histoire de résurrection qu’ils relèguent au rang des saintes légendes. Tant pis pour eux, car après la Noël (qu’ils ne fêtent pas non plus car ils n'adhèrent pas au dogme de l'Incarnation), c’est une nouvelle fête qui leur passe sous le nez !

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 09:25

par Jean-Claude Barbier (à la suite de l'article précédent "le travail de deuil avec la figure du Serviteur souffrant"). L'article présent a été publié le jeudi 27 mars 2008 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

Et, voici, deux d’entre eux, en ce jour même [le dimanche où les femmes constatèrent le tombeau vide], partaient pour un village éloigné de soixante stades de Jérusalem, qui avait nom Emmaüs / Amaous [non localisé], et ils s’entretenaient entre eux de tout ce qui était survenu. ".

Chemin faisant, un autre voyageur se joint à eux. Le texte avance que c’est Jésus lui-même, mais il est dit que " leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître " (Lc 24, 15-16). Restons en donc pour l’instant à un voyageur !

Il leur dit : " Quelles sont ces paroles que vous échangez entre vous en marchant ? ". Et ils s’arrêtèrent, le visage sombre. Répondant, l’un, du nom de Cléophas, lui dit : " Toi seul séjournes à Jérusalem et ne sais pas ce qui y est arrivé ces jours-ci ! ". Et il leur dit " Quoi donc ? ".

Ils lui dirent : " Ce qui concerne Jésus le Nazaréen, qui fut un homme prophète puissant en œuvre et parole devant Dieu et tout le peuple, et comment l'ont livré nos grands prêtres et nos chefs pur être condamnés à mort et m’ont crucifié. Or nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël ; mais, avec tout cela, voici le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées. Mais aussi quelques femmes d’entre nous nous ont stupéfiés, étant arrivées à l’aurore au tombeau, et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues disant avoir vu aussi une vision d’anges qui disent qu’il est vivant. Et certains de ceux qui sont avec nous sont allés au tombeau et ont trouvé les choses comme les femmes avaient dit, mais lui, ils ne l’ont pas vu ! ".

Et il leur dit: " O hommes inintelligents et lents de cœur à croire en tout ce qu’on dit les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela et ainsi entrât dans sa gloire ? ". Et, commençant par Moïse et par tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. "

Arrivés à Emmaüs, les deux compagnons pressent le voyageur inconnu à rester avec eux. Ce dernier rompt le pain et les compagnons reconnaissent alors Jésus en ce geste, mais le voyageur devint invisible (dit le texte) ... ou avait déjà repris sa route.

Et ils se dirent l’un à l’autre : " Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, quand il nous parlait sur le chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ? "

Les pèlerins d’Emmaüs par Jean-Marie Pirot-Arcabas, vu sur le site "Prier à partir d’une œuvre d’art".

Arcabas est né en 1926 en Lorraine (France), voir son site

Les disciples sont attablés à l’auberge d’Emmaüs avec le voyageur inconnu qui leur explique les Ecritures et en qui ils vont reconnaître Jésus.

Le texte de Luc (24, 13-35) est limpide et n’appelle pas de commentaire. Il explique fort bien comment les disciples ont pu se ressaisir à partir d’une relecture des textes messianiques qu’ils appliquèrent à Jésus. Le déclencheur en fut un fait réel : le tombeau vide ; ce qui fait que la foi chrétienne est vécue avec autant d’assurance et sous forme de témoignage. Elle n’est plus seulement une espérance messianique, mais le début d’une réalisation de celle-ci grâce à la Passion et la Résurrection de Jésus conformément aux Ecritures.

Dans le contexte culturel et religieux de l’époque, la Résurrection s’est rapidement imposée comme l’explication évidente du tombeau vide, occultant ainsi l’autre explication, celle d’un enlèvement par la famille de Jésus.

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 21:49

par Jean-Claude Barbier (à la suite de l'article précédent "le tombeau vide"). Cet article a été publié le mercredi 26 mars 2008 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

Lorsque quelqu’un meurt alors qu’il n’est pas suffisamment avancé en âge, l’être humain a besoin d’en savoir le pourquoi. Jésus était pressenti par ses disciples comme le messie annoncé par les Ecritures et Dieu allait l’aider le moment venu. Ors Jésus est mort et Dieu n’a pas bougé.

Mais avec le constat du tombeau vide, qui laisse suppposer une intervention divine, une résurrection de leur héros, c’est le chaos des évènements non prévus qui va s’organiser dans leurs têtes. Une relecture en est désormais possible.

Les disciples ont pu, entre autres textes, penser à l’élévation du Serviteur souffrant qui était annoncée dans le Livre de la consolation d’Israël (livre mis dans Isaïe) : un Juste, accusé à tort, portant le péché de ses contemporains, conduit à la mort comme un agneau que l’on mène à l’abattoir, en douceur, sans se plaindre, malgré les outrages, et que Dieu va élever au dessus de toutes les nations après sa mort expiatoire.

Lire en particulier les passages étonnants du premier chant, Is 42, 1-4, qui évoquent son règne, et surtout le troisième chant, Is 50, 4-6, et le quatrième chant, Is 52, 13-15, puis 53, 1-12, qui semblent s’appliquer mot pour mot à la Passion que Jésus vient de subir.

Voici, je soutiens mon serviteur ; mon être veut mon élu. Je lui ai donné mon souffle, il fait sortir le jugement des nations. Il ne vocifère pas, il n’élève pas, il ne fait pas entendre au dehors sa voix. Il ne brise pas une canne cassée ; il n’éteint pas une mèche qui se ternit ; pour la vérité, il fait sortir le jugement. Il ne ternit et ne casse pas avant d’avoir mis le jugement sur la terre. Les îles souhaitent sa tora. " (Is 42, 1-4).

Adonaï IHVH m’a donné la langue des appreneurs [Bible de Jérusalem, BJ : " des disciples "], pour savoir ranimer d’une parole le fatigué. Le matin, la matin, il m’éveille, il m’éveille l’oreille, pour apprendre comme les appreneurs. Adonaï IHVH m’a ouvert l’oreille. Moi-même je ne me suis pas rebellé en arrière, je n’ai pas reculé. J’ai donné mon dos aux frappeurs, mes joues aux écorcheurs. Je n’ai pas voilé mes faces aux outrages et de la crache. " (Is 50, 4-6)


Voici, mon serviteur sera perspicace ; il se transcende, il s’exalte, il se hausse fort. Quand plusieurs contre toi t’avaient désolé, ainsi son apparence d’homme a été détruite, sa tournure de fils d’Adâm
[BJ : Alors que des multitudes avaient été épouvantées à sa vue, tant son aspect était défiguré, - il n’avait plus d’apparence humaine]. Ainsi il fait tressaillir des nations multiples ; les rois bouclent leur bouches devant lui. Oui, ce qui ne leur avait pas été raconté, ils le voient ; ce qu’ils n’avaient pas entendu, ils le discernent " [BJ : " car ils verront un événement non raconté et observeront quelque chose d’inouï "] (Is 52, 13-14).

Qui adhèrera à notre rumeur ? Le bras de IHVH, pour qui s’est-il découvert ? Il monte comme un surgeon en face de lui, comme une racine en terre aride. Il n’a ni forme ni splendeur. Nous le voyons, il n’a pas d’apparence pour que nous le convoitions ! Méprisé, refusé par les hommes, homme de douleurs, pénétré de maladie, comme voilant les faces loin de nous, méprisé, nous n’en tenions pas compte.

Ainsi, il portait nos maux, supportait nos douleurs, et nous le comptions pour touché, frappé par Elohîm, violenté. Lui, transpercé par nos carences déprimé par nos torts, il a sur lui la discipline de notre paix. Mais en sa blessure nous sommes guéris
 " [BJ : " Il a été transpercé à cause de nos péchés, écrasé à cause de nos crimes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui et c’est grâce à ses plaies que nous sommes guéris "],

Nous tous, nous vaquions comme des ovins, chaque homme sur sa route, nous allions en face. IHVH l’a heurté de notre tort à tous. Tyrannisé, il accepté ; il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau transporté à l’abattoir, comme une brebis muette, face à ses tondeurs, il n’ouvre pas la bouche.

Du huit clos, du jugement pris, son âge, qui le narrera ? Oui, il a été coupé de la terre des vivants ; de la carence des peuples, il est heurté pour eux [BJ : " pour nos péchés, il a été frappé à mort "]. Avec les criminels, son sépulcre a été donné ; avec le riche ses tertres pour non violence faite, pour non duperie sur sa bouche ". [BJ : " On lui a dévolu sa sépulture au milieu des impies et son tombeau avec les riches, alors qu’il n’a jamais fait de tort ni de sa bouche proféré de mensonge "].

IHVH désire l’accabler, l’endolorir ; si son être se met en coulpe, il voir semence, il prolonge les jours [BJ : " s’il offre sa vie en expiation, il verra une postérité, il prolongera ses jours "]. Le désir d’IHVH par sa main triomphe [BJ : " et ce qui plaît à Yavhé s’accomplira par lui "]. Du labeur de son être il verra et se rassasiera. Dans sa pénétration, le juste, mon serviteur, justifiera plusieurs : lui, il supportera leurs torts.

Aussi, je lui donne part parmi plusieurs ; il répartit le butin avec les puissants, pour avoir dénudé son être à mort, compté parmi ceux qui font carence. Il porte la faute de plusieurs, et pour ceux qui font carence il s’interpose.
 " 
(Is 53, 1-12)


Illustration : le mystère du salut des hommes par le sacrifice volontaire du Christ, annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament et proclamé par les premiers apôtres. Le prophète Isaïe - figuré avec un bonnet carré, comme celui de Caïphe - tient une banderole avec les mots "Oblatus est quia ipse voluit et non aperuit os suum" (Il s’est offert parce qu’il l’a voulu et il n’a pas ouvert la bouche - Isaïe, 53, 7). L’apôtre Paul, figuré avec une auréole, porte les mots d’une phrase de son épître aux Philippiens : "Humiliavit semetipsum usque ad mortem, mortem autem crucis" (Il s’est humilié jusqu’à la mort et la mort de la croix - Ph, 2, 8).

E
glise romane St Barthélémy (XIIème et ses fresques du XVIème siècle) à Mont, en vallée du Louron, Hautes-Pyrénées, lien.


D'autres textes également, tout aussi importants, notamment sur le Fils de l'homme (voir notre rubrique à ce titre) et la figure du Bon Berger où la souffrance du Messie est annoncée.

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 21:35

par Jean-Claude Barbier (suite de l'article précédent "la relève prise par les femmes"). L'article présent a été publié le mercredi 26 mars 2008 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

le vendredi soir

Joseph d’Arimathie (Ioseph de Ramataïm, probablement le village Ramataïm Sôphimù à quelques km au nord-ouest de Jérusalem), utilise son rang de notable conseiller (il est sans doute membre du Sanhédrin), pour demander le corps à Ponce Pilate. Il le descend de la croix ; selon Jean aidé par Nicodème (Jn 19, 38-40).

Il faut faire vite à cause du sabbat. La mort est survenue à 15h et le soleil se couche à 19h. Marc, Matthieu et Luc disent seulement que Joseph "roula" ou "entoura" le corps dans un linceul qu’il venait d’acheter. On peut penser que les mains et les pieds furent attachées avec les bandelettes, qui sont des ligatures, et que Jean mentionne (" Ils prirent le corps de Jésus et le lièrent " ; ils au pluriel car, dans cette version johannique, Nicodème est venu à la rescousse).

Mais y a-t-il eu une toilette funéraire ? En principe, on doit laver le corps puis le oindre d’huile parfumée. Selon Jean (seul), Nicodème aurait apporté à cet effet un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres (Jn 19, 39) ; mais il ne parle pas précisément d’une onction du corps ; les aromates sont mis avec les linges. Y a-t-il eu une simple aspersion à défaut d’onction ?

Le détail est ici d’importance car le lavement du corps et son onction de l’huile aurait enlevé, ou du moins atténué, les marques de la Passion ... celles précisément que l’on retrouve imprégnées dans le linceul conservé à Turin !

Le corps est déposé dans une tombe taillée dans le roc (Marc 15, 46), qui n’avait pas encore servi (Luc 23, 52 ; Jean 19, 41), qui est à proximité du Golgotha (Jn 19, 42), dans un jardin (Jn 19, 41). Seul Matthieu nous dit que ce tombeau appartenait à Joseph d’Arimathie (Mt 27, 60). Une grande pierre (sans doute plate) est roulée pour en fermer l’ouverture.

dans la nuit, avant le dimanche matin

La sépulture n’était que provisoire. Jésus est donc en transit de cette sépulture à une autre. Sa famille serait-elle venue récupérer le corps ? De nuit et durant le sabbat pour échapper à la vigilance non pas des Romains (car Pilate a remis le corps) mais à la populace ? Si cette hypothèse est la bonne, c’est la première fois que la famille de Jésus, hormis Marie, se manifeste. A l’appui de cette hypothèse, le tombeau de Talpiot.

L'évangile de Pierre (apocryphe du IIè siècle), versets 35-44, relate, dans un genre empreint de merveilleux, un bien curieux épisode : les gardes auraient entrevus deux hommes entrés dans le tombeau et en ressortir en encadrant un troisième et le soutenant. On ne peut mieux décrire un enlèvement du cadavre, du moins nous indiquer comment on pouvait faire à l'époque pour en kidnapper un avec le maximum de discrétion !

L’opinion publique, à Jérusalem, ne s’y trompe pas. Le bruit court en ville que les disciples ont subtilisé le corps pour faire croire à une résurrection (Mt 28, 15). Matthieu, dont nous savons que l’évangile s’adressait d’abord aux communautés judéo-chrétiennes de Syrie, est sensible à cet argument. Il y rétorque par une histoire bien compliquée de soldats qui auraient été préposés à la garde du tombeau (Mt. 27, 62-66 ; puis 28, 11-15). Aujourd'hui, en Afrique noire et sans doute ailleurs aussi, les taxis transportent à moindre frais les cadavres ainsi encadrés par deux membres de la famille afin de contourner les autorisations officielles et les charges des pompes funèbres.

Marc semble répondre aussi à la même préoccupation en nous faisant remarquer que des faibles femmes ne pouvaient, à elles seules, bouger la pierre "Et elle se disaient entre elles : "Qui nous roulera la pierre hors de la porte du tombeau ? " (Mc 16, 3).

le dimanche matin
Fra Angelico, La résurrection du Christ et les femmes au tombeau, fresque 1440-1441, couvent San Marco à Florence (Italie).

Les " Onze " (les Douze moins Judas) et " tous les autres " (Lc 24, 9) sont mis au courant par les femmes. Mais, pourtant, seul Pierre se déplace. " Mais Pierre, s’étant levé, courut au tombeau et, s’étant penché, il voit les bandelettes seules et il s’en alla chez lui, étonné de ce qui était arrivé " (Lc 24, 12). Jean, il faut s’y attendre, ajoute " l’autre disciple ", témoin jusqu’au bout. Plus jeune et plus alerte, celui-ci arrive en premier et, par respect, laisse Pierre entrer le premier. Partage des rôles, à Pierre le commandement de la première communauté, à lui le rôle de témoin par excellence, " il vit et il crut " (Jn 20, 8).

Qu'y a-t-il dans le tombeau ? Le constat est fait non par les femmes (manque de curiosité  ? effroi devant la pierre ôtée ?) mais par Pierre et "l'autre disciple".  Pierre y voit les bandelettes * seules  (Luc, 24, 12), mais Jean y ajoute le suaire * "roulé à part" (des bandelettes), déposé à un autre endroit (Jn 20, 7). Plus de corps (a-t-il été déposé à Talpiot ?), plus de linceul (est-ce le Suaire de Turin ?) !
* ces bandelettes servaient de ligature et n'étaient nullement utilisées pour envelopper le corps comme pour les momies égyptiennes.
* dans une note relative à la résurrection de Lazare, André Chouraqui précise que le suaire (distincte du linceul ; soudarion en grec) est un linge mis autour du cou et servant à éponger la sueur ; ici pouvant servir de mentonnière.


La conclusion de Luc et de Jean est la même : Pierre et " l’autre disciple " pour Jean rentrent tout bonnement chez eux. Pierre est " étonné de ce qui était arrivé " (Lc 24, 12) et Jean précise, à propos de Pierre et de " l’autre disciple " : " Car ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture, qu’il devait ressusciter des morts " (Jn 20, 9).


Qu’il y ait eu résurrection de Jésus ou pas, c’est précisément à partir de ce constat du tombeau vide, que le travail de deuil va s’organiser ... Il va durer des pâques juives à la Pentecôte, autre fête du calendrier hébraïque.

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 21:02
par Jean-Claude Barbier (suite de l'article précédent "les disciples en déroute"). L'article présent est paru le mercredi 26 mars 2008 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

au Golgotha

Au pied de la croix, il y aura des femmes " qui regardaient de loin " ; selon les évangélistes, deux, trois ou quatre femmes (parmi elles) sont nommées :


Jésus parle aux femmes de Jérusalem. Eglise de Rennes-le-Château, station VIII du chemin de croix, oeuvre mise à l'actif des abbés François Béranger Saunière (1852-1917) et Henri Boudet (1837-1915).

1 - Miriâm (Maria en grec) de Magdala (citée en premier par Marc et Matthieu),
  
2 - Miriâm " mère de Jacques le petit et de Joset " (selon Marc ; " de Joseph " selon Matthieu) – cette Marie est-elle la femme de Clôpas que cite Jean (Jn 19, 25) et qui était " sœur " de Marie, la mère de Jésus ? Jacques "le petit" (par rapport à l'apôtre) serait alors Jacques, le frère de Jésus, qui, plus tard, présidera la communauté de Jérusalem.
3 - la mère des fils de Zébédée (les apôtres Jacques - le majeur - et Jean), les ben Zabdi (qui, avec Simon-Pierre et son frère André furent les premiers recrutés, Jn 4,20 ; tous étaient des pêcheurs du lac de Tibériade du village de Kephar-Nahoum). Cette femme est connue pour son dynamisme ; elle aurait demandé à Jésus que ses fils siègent avec lui dans l’Israël restauré, l’un à droite et l’autre à gauche de lui (Mt, 20, 10), comme quoi les places d'honneur ! Les évangiles ne citent pas son prénom.
4 - Miriâm, la mère de Jésus, que Jean est seul à mentionner et que Jésus, mourant, aurait confié au disciple qu’il aime (Jn 19, 26-27) *

* cette version de Jean accrédite l’idée que Jésus n’a pas de frère direct pouvant accueillir sa mère... à moins que ce disciple, dont le nom est si soigneusement tû, ne soit un jeune frère de Jésus ... ou encore un rejeton de Jésus et de Marie de Magdala (hypothèse de l'historien américain James Tabor). La tradition chrétienne localise la fin de vie de Marie, mère de Jésus, à Ephèse, auprès de l’apôtre Jean, et plus largement de l'école johannique.
5 - Shelomit / Salomé (qui est le féminin de Salomon), mentionnée par Marc seul (15, 40) qui est la sœur de Jacques le mineur (Mc 16, 1) et fille de notre seconde Miriâm.

au tombeau le vendredi soir

Jésus est mort ; nous sommes à la veille du sabbat et il faut faire vite si on veut éviter que le cadavre ne soit livré aux vautours. Le corps est descendu de la croix et mis dans une tombe qui était à proximité.

Ce
la se passe sous les yeux des femmes " qui étaient venues de Galilée " avec Jésus (Luc 23, 55) ; sont alors nommées de nouveau Marie de Magdala et " l’autre Marie " (Mt. 27, 61), à savoir la mère de Joset (= José, diminutif de Joseph) (Marc 15, 47) – notre seconde Mirîam.

au tombeau le dimanche matin

Ce sont les mêmes femmes, Marie Madeleine, " l’autre Marie " (mère de Jacques et Salomé Mc 16, 1, notre Miriâm n° 2), et Luc ajoute une nommée Jeanne (Lc 24, 10), " et les autres, avec elles ", qui, après le sabbat – notre dimanche matin - à l’aube avec un soleil qui se pointe à 5 heures (" c’étaient encore les ténèbres " précise Jean Jn 20, 1), viennent avec des aromates et parfums préparées la veille (Luc 23, 56) ou achetées le matin même (Mc 16, 1).


Pour Jean, il y a seulement Marie Madeleine (Jn 20,1), mais elle utilise le pluriel en s’adressant à Simon-Pierre et à " l’autre disciple que Jésus aimait " : " Ils ont enlevé l’Adôn (= le maître) hors du sépulcre. Nous ne savons pas où ils l’ont mis " (Jn 20, 2).

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