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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 08:51

En complément à notre rubrique "Le linceul de Turin" (lien), vous trouverez des articles sur le même sujet dans les Actualités unitariennes, à la rubrique "Le temps des évangiles" (lien). En voici les articles :


tombeau--suaire-de-Turin-et-Nasa.jpgFiche d’identité post-mortem pour Jésus de Nazareth, le 19 juin 2009 (lien)
Le suaire de Turin ressuscité, le 4 avril 2010 (lien)
Le portrait caché de Jésus en 3d, le 4 avril 2010 (lien)
Une soirée à Paris sur le linceul de Turin, le 19 mai 2010 (lien)

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 19:02

Après un an de travail sur le "Suaire" de Turin, Ray Downing, du studio Macbeth à New York, présente une image en 3D de Jésus. L’information – pourtant importante – ne semble pas avoir ému outre mesure les médias français, y compris le journal La Croix, et c’est sur un site suisse, celui du journal Le Matin que nous avons eu l’information (un article du 4 février 2010) (lien ). Tout se passe comme si la datation au carbone 14 réalisée en 1988 avait littéralement sonné les chrétiens et les avaient complètement détachés de tout ce qui avait trait à cette « relique ». Bigre ! Hommes de peu de foi aurait dit Jésus.

 

Jesus_en_3D_portrait.JPGJesus_en_3D.jpg


Ray Downing a collaboré avec une équipe de scientifiques conduite par le physicien John Jackson. La technologie utilisée est similaire à celle mise au point par la NASA pour évaluer la hauteur des cratères de la Lune. La principale difficulté a été d’utiliser une image altérée du visage car le suaire a épousé le corps du supplicié et n’a donc pas constitué une surface horizontale. Pour son travail, ce spécialiste en imagerie a pu disposer de quelques 30 000 photos en haute définition qui avaient été prises par l'équipe américaine de John Jackson en 1978. Ray Downing a dû imaginer la forme des sourcils du supplicié, absents du linceul.

 

Voir les vidéos sur Youtube :

"The Face of the Man on the Shroud" (en anglais) (lien ),

"Schroud of Turin 2010" (vue du corps en entier d'après restitution, sans commentaire) (lien)

Etc. (nombreuses autres vidéos sur Youtube)


 


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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 09:32

En 1988, trois laboratoires ont étudié un échantillon du linceul de Turin avec la méthode du carbone 14. Ces laboratoires, l’un en Suisse, l’autre en Grande-Bretagne et le dernier en Arkansas aux Etats-Unis, ont présenté un tir pas trop précis mais indiquant sans conteste des dates du Moyen âge, entre 1260 et 1390, ce qui correspond par ailleurs à la présence de ce linceul au village de Lirey en 1357. Dès lors, auprès de la communauté scientifique, dans les médias et dans l’opinion publique - y compris chrétienne - la cause était entendue : c’était un faux de l’époque des reliques fabriquées pour la foule naïve des pèlerins.


Mais quelle hâte ! quel soulagement pour certains ! Je me souviens d’un brave dominicain proclamant que seule la foi comptait (mais qu’en sait-il donc ce bavard !) et que, Dieu merci, l’homme n’avait aucun support matériel pour croire – pas même cette pièce d’étoffe puisque c’était un faux. Belle envolée ! Or, pour une fois qu’on a un document archéologique sous la main, ne vaut-il pas mieux l’étudier sérieusement et sereinement ?


D’autant plus que cette datation, non contestable, s’inscrivait en totale contradiction avec l’analyse du linceul et des traces s’y trouvant : un tissu en lin, tissé comme ce qui se faisait à l’époque de Jésus en Palestine, contenant d’ailleurs du pollen de cette région, marqué de sang et de sérum (en auréole des tâches sang et invisible à l’œil nu), ayant contenu un corps de crucifié et, mieux, qui a subit la passion selon les évangiles (coups de flagellations, couronne d’épine, coup de lance afin de vérifier le décès avant le commencement du sabbat, non lavement du corps avec des parfums). Les traces relevaient d’une oxydation du tissu, sans aucun pigment de peinture, et ne pouvait donc pas être un faux de la part d’un artiste peintre.


Contradiction aussi avec les données des historiens, le linceul, plié, ayant été vu, de sources bien établies, à Edesse et à Constantinople et ayant été reproduit par les peintres des icônes orthodoxes et par un artiste hongrois dans une enluminure du codex De Pray daté de 1192-1195 (voir notre article « Lorsque les historiens défendent le Suaire de Turin ») http://etudes.unitariennes.over-blog.com/article-35638522.html )


Au lieu de crier au faux et de jouer aux perroquets, il fallait donc résoudre cette contradiction. De toute façon, croire à un faux du Moyen âge n’était pas du tout fiable car il aurait fallu alors expliquer comment un artiste de cette époque aurait pu s’y prendre ... sans utiliser de pigments !


L’énigme a enfin été trouvée grâce à des tisserands et dûment vérifiée par des chercheurs. Il s'avère que l’échantillon a été pris à l’angle en bas et à gauche du linceul afin d'abîmer le moins possible. Or cette partie a été re-tissée, sans doute pour rétablir le rectangle de la pièce qui avait été quelque peu échancré pour faire des reliques. Il n’y a pas eu simple ajout d’une pièce pour boucher l'espace manq
 uant, mais re-tissage à partir d’un effilochage des fils des bords échancrés, ceci avec des fils de coton torsadés avec ceux du lin du linceul afin que la jointure ne soit pas visible. Mieux, les fils de coton ont été teints en ocre afin de s’assimiler à l’oxydation du lin du linceul. Ce ravaudage a été effectivement fait au Moyen âge (à Constantinople ou à Lirey ?). Mieux, les dates différentes qui ont été obtenues des analyses au carbone 14 (quand même 130 ans pour une date peu éloignée !) correspondent tout simplement à la présence plus ou moins abondante des fils de lin d’origine.


Il faudrait donc refaire une datation au carbone 14, mais cette fois-ci à partir d’un échantillon plus central. Une piste : le linceul a été nettoyé des parties carbonisées qui restaient encore visibles et qui datent de l’incendie de Chambéry en 1532 ; ors ces parties enlevées ont été pieusement conservée : l’Eglise catholique acceptera-t-elle de s’en dessaisir pour une seconde analyse au carbone 14 ?


Source : émission sur ARTE le samedi 3 avril 2010 à 20h 40 « Le Suaire de Turin : la nouvelle enquête » (film de 47mn réalisé en 2008 au Royaume Uni par Michael Epstein)

 

maison_de_tiisserand_aignay_le_duc.jpgmaison d’un tisserand à Aignay-le-duc (Côte d’Or) (lien)

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 17:33
par Jean-Claude Barbier, article publié le vendredi 19 juin 2009 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

Le suaire d’Oviedo a été cité le mardi 16 juin 2009 lors de l’émission de TV5 MondeQuestion à la Une " consacrée à la datation du linceul de Turin par le carbone 14.
C’est un véritable suaire (en grec soudarion), à savoir une serviette en lin, de la taille d’un grand mouchoir de 83 x 53 cm, pour essuyer la sueur, pouvant envelopper uniquement le visage, et non pas un linceul comme l’est le " Suaire de Turin " (en grec sindôn, en hébreu sadin). C'est pour cela que, ici, nous parlons du linceul de Turin et non pas du Suaire de Turin.


On y décèle une dizaines de taches dont quatre taches de liquide sous forme d’auréoles symétriques, traversant la toile de lin. L’envers de la toile, présenté lors des expositions au public, est beaucoup plus poussiéreux que l’avers. Sont également visibles une déchirure de 5,5 cm sur le bord de la partie horizontale supérieure ainsi que de petites perforations et une série de gouttes de cire. Il fut plié en deux si bien que les tâches de sang sont disposées symétriquement. Elles correspondent parfaitement à celles du visage du linceul de Turin (comme le montre la superposition réalisée dans l'illustration de droite)  !

 


historique :

Vers 348, dans une homélie, saint Cyrille de Jérusalem (315-387) affirme : " tout ce que le Seigneur a souffert dans sa Passion, nous pouvons le voir sur ses linges mortuaires que nous conservons dans cette église (le Saint Sépulcre)". Ils (le suaire, les bandelettes, le linceul ?) étaient conservés dans un coffre.

En 614,
avant la prise de Jérusalem par les Perses, selon l’Histoire de Pelagius, évêque d’Oviedo au XII ème siècle, le coffre part vers l’ouest, par l’Égypte et l’Afrique du Nord pour être accueilli en 616 à Carthagène par l’évêque d’Ecija, saint Fulgence (qui mourra en 633). Celui-ci le remit à son frère Isidore, évêque de Séville, son supérieur et également son frère. Ce grand érudit, né vers 560/570 et auteur d’une importante encyclopédie qui rassemble le savoir antique, les Étymologies, mourut vers 636. A son tour, ce dernier le transféra le relique à Tolède, siège de la principale église d’Espagne, dirigée par son archevêque, saint Ildefonse (qui mourut en 667). La présence du coffre à Tolède en 636 est attestée par le concile de Braga de 679 et il y resta jusqu’en 718.

Nous avons également le témoignage de saint Braulion, futur évêque de Saragosse en Espagne en 631 et mort en 646, lors d’un pèlerinage qu’il fit à Jérusalem : " Bien des choses ont eut lieu qui n’ont pas été consignées par écrit, ainsi en est-il des linges et du linceul dont le corps du Seigneur a été enveloppé ; on dit dans l’Écriture que le Linceul fut trouvé, on ne dit pas qu’il fut conservé ... Je ne pense pas cependant que les apôtres aient négligé de garder ces pièces comme reliques pour les temps à venir. ". Soulignons le fait que saint Braulion avait fait ses études sous la direction de saint Isidore de Séville dont il acheva les Étymologies.

Peu avant 718
: réalisation d’un nouveau coffre en chêne, qui existe toujours : l’Arca santa.

Vers 812-814
arrivée de ce coffre à Oviedo. Construction d’une crypte (la Camara santa) par le roi Alphonse II dit le Chaste, roi des Asturies de 791 à 842, en-dessous de la cathédrale d’Oviedo. Fortification de l’église par Alphonse III dit le Grand, roi des Asturies de 866 à 910 et en lutte avec les musulmans. L’ancienne cathédrale fortifiée sera remplacée en 1556 par une cathédrale gothique tout en conservant l’ancienne crypte.

14 mars 1075,
ouverture du coffre et inventaire de son contenu par le roi Alphonse VI , roi de León (1065-1109), roi de Castille (1072-1109) à la mort de son frère, roi de Tolède (1085-1109) par conquête et roi de Galice (1090-1109) à la mort de son autre frère, ainsi que par Rodrigo Diaz de Vivar, mieux connu sous le nom du Cid Campeador. Cet inventaire se trouve toujours dans les archives de la cathédrale d’Oviedo.

Entre 1585 et 1598
,
l’évêque d’Oviedo, Diego Aponte de Quinares ordonna un nouvel inventaire de l’Arca santa.

Tout comme pour le linceul, les études scientifiques commenceront tardivement :

1978
- étude des pollens par le célèbre criminologue suisse, Max Frei.
1985 - étude de Mgr Ricci, président du Centre romain de Sindonologie.
1989 - visite du pape Jean-Paul II .
9/10 novembre 1989 et 16/17 février 1990 - études du Centre espagnol de Sindonologie.
1990 - datation au carbone 14 par les laboratoires de Tucson et de Toronto, qui donne une date entre 679 et 710 après Jésus-Christ.
20/29 avril 1991 - premières publications lors du congrès de Sindonologie de Cagliari.
Juin 1993 - étude du groupe sanguin par le Dr Carlo Goldini (gp. AB, le même que celui du linceul).
29 au 31 octobre 1994 - 1er congrès international sur le Suaire d’Oviedo, dans la ville même.

Le parallèle avec le linceul de Turin est troublant : même répartition des tâches de sang, même groupe sanguin, pollens de Palestine retrouvés dans les fibres, etc. 

 Par ailleurs, son étude a pu établir la façon dont les corps des crucifiés étaient descendu du poteau. Le cadavre était descendu de la croix par enlèvement des clous en commençant par celui qui avait percé les talons, puis du clou tenant le poignet gauche et enfin celui du poignet droite.

Dans le cas de Jésus, le visage étant ensanglanté, le suaire – celui d’Oviedo ? – a pu être mis sur la tête, à la descente de la croix, et durant le transport jusqu'au tombeau.

source : Fernand Lemoine, dossier mis à jour le 23 février 2008

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 15:48
par Jean-Claude Barbier, article publié le vendredi 19 juin 2009 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

an 30, mort de Iéshoua de Nazareth. Il est déposé précipitamment au tombeau à cause d’une veille de sabbat, si bien que son corps n’est pas lavé. Le linceul s’imprègne des taches de sang et de la sueur. Nous sommes le jeudi soir (et non le vendredi soir comme généralement répété) et il s’agit en premier du sabbat de la Pâque juive, suivi du sabbat habituel lequel se termine le samedi soir à la tombée de la nuit. Le corps est enlevé, sans doute dans la nuit du samedi au dimanche, très probablement par la famille elle-même. Les femmes du groupe des disciples venues pour la toilette funéraire trouvent le tombeau vide. Pierre et le disciple que Jésus aimait constatent qu’il ne reste plus qu’un suaire enroulé dans un coin et les bandelettes à part. Le corps a disparu, avec le linceul.

 57, le roi d’Edesse*, Ma’nu VI persécute les chrétiens. Les prémisses de l’évangélisation du royaume sont attribuées à Thaddée (l’un des 70 disciples de Jésus), sous le règne d’Abgar Ukama (ou le Noir). 
* Sanurfa dans l'actuelle Turquie orientale, non loin de la frontière syrienne, à l’intérieur d’une boucle que l’Euphrate dessine au sortir des montagnes, à l’est de ce grand fleuve ; la ville est établie elle-même sur les rives du Daysan.

135, fin de la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem car l'empereur romain Hadrien y interdit les Hébreux. Une communauté "nazaréenne" se constitue à Pellas, en Syrie.

Vers 204, Agbar IX se convertit au christianisme.
Le christianisme syriaque se développe autour d'Édesse et de nombreux monastères sont construits, en particulier celui "de la colline", le Torâ-dOurhoï. Une école de théologie voit le jour. Elle jouera un rôle important au sein de l'Eglise perse (nestorienne).

Le Mandylion d'Edesse est attesté dès le milieu du IVème siècle par Eusèbe de Césarée (260-339) qui évoque à ce propos les polémiques provoquées par un nouveau culte de l'image du Christ.
Il s'agit en fait du linceul qui, replié, montre seulement le visage du supplicié. Pour les gens d'Edesse, le roi Agbar
, l'aurait reçu directement de Jésus du temps même du vivant de ce dernier ! Cette relique est censée avoir protégé la ville contre les Perses venus l’assiéger en 540 et 544. Pour d'autres, ce sera "le voile de Véronique", laquelle aurait essuyé le visage de Jésus lors de sa montée vers le Gogotha.

Un traité apologétioque du début du V° siècle, intitulé Consultationes Zacchaei christiani et Apollonii philosophie, mentionne des vêtements du tombeau qui "contiennent encore les indices de la croix et de la mort du Seigneur"

au VIème siècle, des écrits évoquent un "portrait non fait de main d'homme", visible sur un linge – sans doute le linceul plié de façon à ne montrer que la face du défunt.
Dès ce siècle, les artistes orthodoxes peignent un visage de Jésus nettement inspiré du Mandylion.

En 609, les Perses sassanides arrivent à leur fin et conquièrent la ville ; les Byzantins la reprennent ; puis les Arabes musulmans arrivent ...

680, le pèlerin Arculf contemple, dans la première église du Saint-Sépulcre diverses reliques de la passion dont un suaire * présenté comme étant celui du Christ (mais aussi, le plat de la Cène, l'éponge de la crucifixion et la lance qui perça le flanc de Jésus).
* non pas le linceul, mais le linge qui couvre la tête du défunt ; il n'y a donc pas double compte !

En août 944, le Mandylion est échangé aux Byzantins par le calife Al-Mustakfi (calife abbasside de Bagdad de 944 à 946) contre des prisonniers. L’empereur Romain Ier la dépose dans l'une des églises du palais impérial, la chapelle du Phare. En 958, l'empereur Constantin Porphyrogénète l'énumère dans une lettre (avec le bois de la Croixc, la lance, le titulus, le roseau, le sang, la tunique, et les langes).

1147, Louis VII, roi de France, vénère la relique à Constantinople ; en en 1171, Amaury, le roi de Jérusalem. A cette époque, la chapelle du Phare devient un lieu saint accessible aux pélerins ordinaires.

1150, une délégation de diplomates hongrois est reçue à Constantinople en grandes pompes ; ils eurent la permission de contempler le linceul déployé *
* Lévêque et Pugeaut, 2003, "Le Saint-Suaire revisité", Éditions du Jubilé.

1192-1195, le codex De Pray (du nom du Jésuite qui l’étudia), conservé à la Bibliothèque nationale de Budapest, contient une miniature représentant l’onction du corps du Christ au cours de sa mise en linceul, ainsi que la découverte du linceul vide par les Saintes Femmes au matin de Pâques.
Il est tout à fait comparable à celui de Turin (représentation du corps entièrement nu, bras anormalement longs, mains croisées sur le bas-ventre, pouces repliés à cause des clous, trous dans le linceul suite à des brûlures ponctuelles – gouttes d'un liquide brûlant ou corrosif ?).

Le 12 avril 1204, les croisés mettent à sac la ville de Constantinople ; un croisé témoigne qu’il a vu " le Suaire du Seigneur ", mais le Mandylion disparaît. Le partage des reliques s'est fait d'abord sous le contrôle de Garnier de Trainel, évêque de Troyes, puis celui de Nivelon de Chérizy, évêque de Soissons.

En 1239, puis en 1241 et 1242, Louis IX (notre saint Louis) auprès du jeune empereur byzantin Baudouin II voit des reliques, parmi lesquelles une partie du suaire (la pièce qui couvre seulement le visage du défunt et non le linceul). Ces reliques se trouvaient détenues par des créditeurs vénitiens et saint Louis les rachètent à prix d'or. Suaire et autres reliques sont entreposées dans la Sainte Chapelle, spécialement construite à cet usage. Elles sont exposées une fois par an jusqu'en 1781 ... puis disparaissent dans la tourmente révolutionnaire.

En 1357, le linceul est exposé pour la première fois à Lirey (dans le diocèse de Troyes). Il s'agit d'un linceul et non d'un suaire (pièce de tissus qui couvre le visage du cadavre afin d'en éponger la sueur). Il fait 4 m de long et 1,10 de large. Il est la possession de la veuve du chevalier Geoffroy Ier de Charny, à Lirey, en Champagne. En 1360, l'évêque de Troye, Henri de Poitiers, en  interdit l'ostentation, doutant fortement de son authenticité et arguant du fait que les évangiles n'en parlent pas ! En 1390, le pape Clément VII en autorise cependant les ostentations mais seulement discrètes, à l'usage des seuls pélerins et sans que cela fasse croire à son autenticité.

1453, Marguerite de Charny cède la relique au duc Louis 1er de Savoie qui le dépose dans la Sainte-Chapelle du château de Chambéry. 1454-1578, il est exposé dans de nombreuses villes ; successivement : Saint Hippolyte-sur-Doubs, Liège, Germolles, Vercelli, Chambéry, Bourg-en-Bresse, Chambéry, Turin, Milan, Vercelli, Chambéry. 1506, le pape Jules II autorise le culte liturgique, donc public du Saint-Suaire.

4 décembre 1532, incendie à la Sainte-Chapelle de Chambéry. Un côté de la petite caisse en argent qui contient la relique repliée est chauffé au rouge par la température et une goutte de métal fondu du couvercle transperce les nombreuses couches du linceul : il en résulte 29 trous. En plus auréoles sur la relique provenant de l’eau utilisé pour éteindre l’incendie.
Du 15 avril – 2 mai 1533, les sœurs clarisses de Chambéry raccommodent les parties carbonisées en cousant des pièces de tissu triangulaires.

1578, Emmanuel Philibert de Savoie apporte le linceul à Turin, en Italie où il est connu sous le nom de "Saint-Suaire".

1er juin 1694, le linceul est placé dans une somptueuse chapelle dessinée exprès par l’abbé Guarino Guarini.


25-28 mai 1898, le linceul est photographié pour la première fois (par Secondo Pia, un avocat). Le négatif rend plus visible le corps du défunt qui s’est en quelque sorte imprimé sur son linceul.


23 novembre 1973, première ostension télévisée, puis du 26 août au 8 octobre 1978, ostension publique à l’occasion du IVème centenaire du transfert de la relique à Turin.


L’ostension de 1978 permet à un groupe de plus d’une vingtaine de scientifiques et chercheurs américains du Shroud of Turin Research Project (STURP), assistés de deux italiens, Giovanni Rigi (micro-analyste) et Luigi Gonella (conseiller scientifique du Cardinal de Turin), de mener pendant 120 heures des analyses approfondies de l’objet et de prélever des échantillons de surface. Le STURP rend son rapport final en 1981, lequel écarte toute trace de peinture et confirme la présence de sang humain. A l’aide des instruments de la NASA, une image tridimensionnelle de Jésus est faite.

1983, à la mort d’Umberto II de Savoie, la relique est léguée au Saint-Siège.

En 1986, le docteur Yves Cartigny repère les trous (disposés en "L" inversé) sur la miniature du codex De Pray qui correspondent à ceux du linceul de Turin.

21 avril 1988, prélèvement de quelques centimètres carrés au bord du tissu pour permettre la datation au carbone 14 ; 3 laboratoires effectuent les analyses. Celles-ci sont publiées juillet 1988 et donnent la période 1260-1390, en contradiction avec toutes les données réunies jusqu’à ce jour.

Janvier 1995, Thierry Pétillot, photographe informaticien, propose une photo de Jésus à partir de la méthode du "morphing", initiée par le FBI et depuis pratiquée couramment par les laboratoires des autres polices.

11-12 avril 1997, peu de jour avant la fin des travaux de restauration (entrepris depuis février 1993), la chapelle de Guarini est dévastée par un incendie. Le Saint-Suaire est sauvé par les pompiers. Il n’a subit aucun dommage.

18 avril – 14 juin 1998, puis 12 août – 22 octobre 2000, ostensions publiques.
 

 

20 juin – 13 juillet 2002, travaux conservatoires de restauration : remplacement de la doublure (toile de Hollande) et retrait des pièces triangulaires.

Juin 2005, la revue mensuel Science et Vie publie (dans son n° de juillet) un article "Saint Suaire, la science aveuglée par la passion" (il s’agit de la passion des sindologues - les scientifiques qui étudient le linceul -, pas celle des anti !) par Isabelle Bourdial, pp. 110-125 ; voir le résumé sur le site du Journal La Croix (en date du 21 juin 2005). Th. Heimburger, dès le 27 août de la même année, apporte une réfutation de ce dossier, lien.


Le 16 juin 2009, l'émission documentaire "Questions à la Une" de TV5 Monde relance le débat en interpellant la méthode du carbone 14 et son application dans le cas présent.

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 15:35
par Jean-Claude Barbier, article publié dans les Actualités unitariennes du vendredi 19 juin 2009 et transféré ici.

Les reliques se multiplièrent en Europe à partir du Vème siècle avec le développement du culte des saints. Au siècle suivant, Grégoire de Tours tonne contre les fabricants de reliques ! Mais elles s’avèrent bien utiles pour galvaniser la foi des fidèles ... et enrichir les cités qui les détiennent. La crédulité populaire et la dévotion des élites aidant, elles ne rencontrent guère d’opposition.

Toutefois, ce ne sera pas entièrement le cas du "Suaire de Turin" (plus exactement un linceul), qui était à Lirey à partir de 1357. Soudainement apparue en France aux lendemain des croisades, cette nouvelle relique va rencontrer une opposition, à commencer par l’évêque du lieu qui déclare ni plus ni moins que c’est un faux ! Par une bulle de 1389, afin de modérer la dévotion excessive des fidèles, le pape d’Avignon Clément VII défend qu’on l’expose sans proclamer " à haute et intelligible voix que cette image ou représentation n’est pas le suaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ mais seulement une peinture, un tableau qui le figure " (sic !).  En 1449, le cistercien Thomas, abbé d’Aulne et Maïtre Henri Beckel, chanoine de la cathédrale de Liège, déclarent que " sur le tissu ont été peints avec beaucoup d’art, les linéaments des membres du Christ ". Il faudra attendre 1506 pour que le pape Jules II autorise le culte liturgique, donc public du Saint-Suaire.

Au milieu du XVIème, lorsqu’on exposa à la vénération des fidèles de la Collégiale de Lirey près de Troyes, Pierre d’Arvis, évêque de Troyes, exhume un texte de son prédécesseur Henri de Poitiers qui explique comment le suaire avait été peint, l’artisan qui l’avait produit s’en étant confessé à lui ! Ce qui est somme toute une confession bien valorisante pour un humble artisan ...

Bref, ce soit disant linceul de Jésus est confiné comme relique pour la dévotion idolâtre des fidèles les plus crédules ...

Il fallut attendre le négatif de la photo prise en 1898 pour qu’il se révèle être (enfin) un objet à étudier. Et plus, plouf ! la datation du carbone 14, faite en 1988, près d'un siècle plus tard, le plonge de nouveau dans la poubelle des reliques.

Je me souviens du soulagement d’un dominicain proclamant que la foi ne devait nullement reposer sur du matériel ! Finalement, tout le monde était content – les non croyants qui n’aiment pas les reliques, les techniciens qui se suffisent d’une seule analyse sans plus considérer les autres approches déjà faites et ne jurent que par leur seule méthode, les croyants mystiques pour qui la foi est un pur élan vers Dieu (un saut dans le vide sans parachute dans le dos), les partisans du Christ de la foi qui n’ont nullement besoin de connaître le Jésus de l’Histoire, les adeptes du christianisme gnostique qui se multiplient depuis la découverte des manuscrits de la Mer morte et la publication des apocryphes, etc.

Codex-De-Pray.jpg

 

Or, avec toutes les analyses pertinentes qui ont déjà été faites, on ne peut plus revenir en arrière ! Manifestement, avec tout ce que l'on sait désormais, on ne peut plus accepter  la théorie facile d’un faussaire génial qui aurait peint un tissu ! Il lui aurait fallu en effet beaucoup d'intuition : mettre les tâches de sang là où il le fallait, savoir que le pouce se repliait lorsqu’on enfonçait un clou dans les poignets, ne pas mettre ces clous dans la paume des mains comme tous les peintres de son époque représentaient alors la crucifixion, aller chercher des pollens de Palestine pour en parsemer le tissu, etc. Bref, un thriller pire que Da Vinci Code !

Avec le codex hongrois De Pray, daté de 1192-1195, qui s’inspire manifestement du linceul de Jésus (jusqu'à reproduire des trous faits peut-être par des gouttes d'un liquide brûlant), soit un siècle avant la datation donnée par la méthode du Carbone 14 (1260-1390), les historiens donnent le coup de grâce à une méthode considérée jusqu’à présent comme infaillible ; ou du moins les conditions de son application en 1988 pour l’objet dont il est question sont-elles à revoir.

La question à débattre désormais est à suivante : pourquoi les analyses faites par le carbone 14 ont-elles donné un résultat contradictoire ? échantillon trop ponctuel, mode de vieillissement des fibres de lin, conséquence de l’incendie de 1532 qui aurait enrichi l’étoffe en carbone 14 par une pollution au monoxyde de carbone ?

L’arroseur arrosé ! l’accusation aurait-elle changé de bord ?
L’émission de TV 5 Monde de ce mardi 16 juin " Questions à la Une " remet le linceul de Jésus sur le tapis ... Eh oui ! ce n’est pas terminé comme le proclamait hâtivement la zététique ! Bien curieuse histoire que celle de Jésus qu’on arrive décidemment pas à enterrer une fois pour toutes et qui refait sans cesse surface.

Il faut parfois du courage pour aller à contre courant des idées reçues, des modes de pensée dominantes, des évidences proclamées par tous. Professant la liberté de pensée, les unitariens sont un peu comme des électrons libres, non encartés, non contrôlés, assurément non grégaires. Ce n’est donc pas incongru que les Actualités unitariennes rappellent ici que tout ce qui concerne le Jésus historique est à étudier et non pas à balayer d’un revers de main. Si ce Jésus historique n’a nullement besoin de dévots idolâtres, il n’a pas besoin non plus d’iconoclastes toujours un peu précipités dans leur besogne de destruction.

C'est ce que fit, le 7 mars 1994, l’unitarien suisse Roger Sauter en donnant une conférence à l’Union protestante libérale (ULP) de Genève sur le "Suaire de Turin " afin d'en souligner tout l’intérêt, conférence restée malheureusement non publiée.

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