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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 04:48

par Louis Cornu (suite des articles précédents)


Si l’incertitude demeure en ce qui concerne les trois de Béthanie, il est en revanche certain que le Disciple n’est entré en contact avec Jésus que quelques jours avant Pâque 28, dans des circonstances qu’il raconte lui-même (Jn 1, 19-42), à l’occasion d’un voyage en Galilée [ndlr – un récit de 3 jours qui se termine par les noces de Cana, Jn 2, 1 et un séjour à Capharnaüm Jn 2, 12] où il rencontre le baptiste Jean, dont il se dit déjà disciple.


Ce que raconte le Disciple, prêtre de Jérusalem, au début du 4ème évangile, est postérieur de quelques semaines à la scène que relate Luc sur la rive du Jourdain, mais au sud, à proximité de Jérusalem (Lc 3, 21-22) et à la retraite consécutive au désert (Lc 4, 1-2).


L’histoire des relations de Jésus avec l’évangile de Jean « disciple aimé de Jésus » commence donc au sortir de l’hiver 27-28, « en la quinzième année de Tibère César » par la prédication eschatologique véhémente d’un prophète spectaculaire (Lc 3, 1-8) qui, lui aussi, est prêtre : Jean, fils de Zacharie. Il annonce la venue imminente du Messie d’Israël, pour restaurer définitivement l’autorité de YHWH, la royauté de Dieu. Il propose à ses nombreux auditeurs de Judée et de Jérusalem de se convertir, de se repentir et de marquer leur retournement en se pliant au baptême d’immersion en eau vive, tel qu’il le pratique dans le Jourdain. L’immersion n’est qu’un rite, car c’est le repentir qui entraîne la purification, le pardon de Dieu et le salut eschatologique. Ce salut est réservé aux seuls purifiés : seuls les baptisés seront sauvés.


Informées de cette prédication eschatologique baptiste, les autorités religieuses de Jérusalem, Grand prêtre (alors Caïphe), pharisiens du sanhédrin (comme Gamaliel) ne devraient pas être vraiment surprises, car, à l’évidence, Jean, fils de Zacharie, faisait partie de la mouvance essénienne bien connue : même conviction eschatologique, même baptême.


Quelques temps après l’invasion romaine de – 63, les Esséniens s’étaient retirés au désert. Au temps d’Hérode, ils avaient un maître vénéré sous le titre de « Maître de Justice ». Persécuté par un « prêtre impie », ce maître était décédé apparemment en exil. Les esséniens, conformément à l’enseignement de ce Maître de Justice, étaient persuadés que Dieu allait bientôt intervenir définitivement dans le combat eschatologique des « Fils de Lumière », conduits par le (ou les) messie(s) d’Aaron et d’Israël, contre les « Fils des Ténèbres ». Dans un texte datable de la fin du règne d’Hérode, l’ « Ecrit de Damas », une communauté essénienne, qui se prétendait « communauté de la Nouvelle alliance », affirmait sa certitude du retour du Maître de Justice, quarante ans après qu’il lui eut été enlevé. Plus précis, un autre texte essénien, le « Testament de Moïse », rédigé un peu après l’an 6, affirmait que les temps eschatologiques messianiques surviendraient, au plus tard, vers 30. On voit ici une évidente concordance avec l’annonce du Baptiste en 28, donnant pour imminente l’arrivée du « Messie qui doit venir ».


Les esséniens étaient baptistes. Selon leur « Règle », retrouvée en nombreux exemplaires parmi les Manuscrits de la Mer Morte, ils réservaient leur baptême (un rite d’immersion) aux seuls membres de leur communauté (1QS v, 13). Voici la définition – sacramentelle . ? – qu’ils donnaient de leur baptême :


« C’est par Esprit saint de la Communauté … qu’il sera purifié de toutes ses iniquités ; c’est par l’Esprit de droiture et d’humilité que sera expié son péché. C’est par l’humilité de son âme à l’égard de tous les préceptes de Dieu, que sera purifiée sa chair … quand il se sanctifiera dans l’eau courante … » (1QS, III, 7-9)


Avec un même rite d’immersion en eau courante, repentir, conversion, dans le « baptême de Jean », humilité du cœur, dans le baptême essénien ; il s’agit bien du même baptême. Pour les autorités religieuses de Jérusalem, il est évident que Jean, sur la rive du Jourdain, en 28, essaie de généraliser le baptême essénien, rite réservé jusque là aux seuls membres d’une secte très marginale, car le peuple, dans sa grande majorité, continuait à faire confiance aux maîtres pharisiens. Si le petit peuple adoptait massivement le baptême « essénien » de Jean, pour les esséniens, cela équivaudrait au ralliement qu’ils attendaient au détriment de leurs rivaux pharisiens.


En raison de l’urgence eschatologique dont ils étaient convaincus, la pratique baptismale généralisée de Jean n’était pas inacceptable pour les esséniens, loin s’en faut : elle pouvait même combler leur attente.


On comprend dès lors pourquoi Grands prêtres et pharisiens devaient être inquiets devant le succès de la prédication du Baptiste en Judée, au début de l’année 28. Il y avait à cela encore une autre bonne raison : son messianisme avait toutes chances d’attiser le nationalisme populaire juif anti-romain, donc de provoquer des troubles, puis des représailles, situation que tenaient à éviter aussi bien les autorités civiles (le préfet romain, Pilate, et le tétrarque Antipas) que les responsables religieux (Caïphe, le sanhédrin). Depuis vingt ans, la paix sociale que les révoltes « sicaires » de Judas le Galiléen avaient ébranlée en l’an 6, avait été rétablie, mais se maintenait plutôt difficilement, sous la main de fer de Rome, grâce à l’habilité collaborationniste des Grands prêtres successifs. L’initiative de Jean le Baptiste contraignait Caïphe à agir. Il décida d’envoyer vers Jean une délégation  « de prêtres et de lévites » chargée de le rencontrer et l’interroger.


On ne peut évidemment pas affirmer avec certitude que le Disciple, ce familier de Caïphe, fut au nombre de ces Judéens qui écoutèrent Jean Baptiste au printemps 28 et reçurent son baptême, cela demeure pourtant très probable. De toute façon, vivant dans l’entourage du Grand prêtre, il fut certainement informé des soucis de celui-ci à propos du Baptiste et de sa décision d’envoyer une délégation.


Pour l’atteindre, cette délégation dût se rendre en Galilée car Jean Baptiste y était venu pour revoir Jésus, quelques semaines avant Pâque (30 avril 28) : une concertation entre eux à ce sujet, un rendez-vous, est plus vraisemblable qu’une rencontre fortuite. Le Disciple faisait-il partie de la délégation ou bien se contenta-t-il de l’accompagner ? Toujours est-il que ce fut pour lui l’occasion de revoir Jean, d’assiter à l’interrogatoire … et de faire assez longuement la connaissance de Jésus et de s’attacher à lui en s’agrégeant à un groupe qui l’entoure : des « disciples » à la fois de Jean et de Jésus, les deux, en effet, ont un même projet et agissent en concertation selon un plan unique, dans lequel chacun a son rôle propre.

à suivre ...

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 04:23

par Louis Cornu (suite de l’article précédent)


Jésus avait tissé des liens d’amitié avec les trois de Béthanie. Ces liens apparaissent en Luc dans deux épisodes qu’on peut dire erratiques car, dans les deux cas, le lieu et la date sont difficiles à situer. Le plus connu (Lc 10, 38-42) est casé par l’évangéliste au cours de l’ultime montée à Jérusalem, dans un climat tendu, pour la Pâque 30 ; au contraire, c’est dans une ambiance familiale sereine que se déroule la scène de Luc 10, 38-42 où Marie, assise aux pieds de Jésus, ne se lasse pas de l’écouter, alors que Marthe s’affaire à la besogne ménagère. Cela se passe « dans un certain village » dit Luc. On suppose à bon droit qu’il s’agit de Béthanie. Quand ? Au cours des semaines qui suivirent Soukot 29 ? C’est possible. L’année précédente, après Pâque (30 avril 28) ? Peut-être. Encore plus tôt ? Pourquoi pas.


L’autre épisode (Lc 7, 36-49) est une scène également très connue, « l’onction de la pécheresse ». Femme anonyme, chez un pharisien inconnu. Encore, Luc n’indique pas le lieu, mais situe son récit avant la mission des Douze du printemps 29. En racontant la résurrection de Lazare au début de l’année 30, Jean fournit une précision inattendue en présentant les sœurs de Lazare, Marthe et Marie. Il signale : « Il s’agit de cette même Marie qui avait oint le seigneur d’une huile parfumée ». La pécheresse anonyme de Luc est donc Marie soeur de Lazare de Béthanie ; c’est d’elle que Jésus – qui la connaît mieux que son hôte pharisien – dit  « ses nombreux péchés ont été pardonnés, parce qu’elle a montré beaucoup d’amour ». La scène se déroule dans une ville où Marie a mauvaise réputation – Béthanie donc, ou plutôt Jérusalem – chez un pharisien qui a invité Jésus à sa table.

 

Il est donc difficile de la situer après l’intervention des pharisiens lorsque ceux-ci sont très remontés contre Jésus (Lc 6, 11) et sont résolus à le « faire périr » comme le précise Mc 3,6. Elle pourrait être datée, au plus tard, au printemps 28, lors du séjour de Jésus à Jérusalem à Pâque (30 avril). Le pharisien pourrait être Nicodème que Jésus rencontra justement à l’occasion de ce séjour (Jn 3, 1-21).

 

Si l’on retient cette date pour la scène de l’onction de Luc, il convient de noter aussi qu’alors Jésus paraît bien la connaître cette femme, et la juger positivement … et apprécier le comportement affectueux qu’elle vient de manifester à son égard. Depuis quand et où se sont tissés les liens d’amitié entre Jésus et les trois de Béthanie ? Avant le début de sa vie publique ? On ne peut exclure cette éventualité.

à suivre …

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 04:07

par Louis Cornu


Au cours de la nuit de l’arrestation de Jésus, il s’affirme lui-même « connu du Grand prêtre »  … et il agit dans le palais de celui-ci comme s’il était chez lui. Au cours de cette nuit, où la prudence est évidemment de règle en cet endroit, une servante portière est chargée de filtrer les entrées ; il pénètre, lui, sans difficulté et peut même, sur un ordre à cette servante, faire admettre un inconnu [ ndlr. Pierre] à qui celle-ci refusait l’entrée. A l’évidence, cette connaissance du Grand prêtre pourrait bien être quelqu’un de sa famille : le fils, petit-fils, neveu … ?


Ce « disciple que Jésus aimait », que nous appellerons dans la suite de notre texte tout simplement le Disciple, est l’auteur du 4ème évangile (Jn 21, 24), et la tradition affirmera qu’il était prêtre (voir articles précédents) et qu’il mourut à la fin du siècle, donc très âgé, connu alors sous l’appellation de « Jean l’Ancien » [ndlr – l’auteur des deuxième et troisième épître de Jean, ou plutôt Jean le Presbytre ? ou encore la même personne dans les deux cas !]. En 30, selon l’évangile de Jean, il paraît déjà autonome, car il peut accueillir quelqu’un chez lui durablement (Jn 19, 27). Il faut lui supposer alors à peu près vingt ans, au minimum ; il serait donc né entre 5 et 10, assez vraisemblablement.


En se définissant comme « disciple que Jésus aimait », il souligne l’affection que Jésus avait pour lui, mais en fait, surtout l'affection que lui-même portait à Jésus. Il affirme également que Jésus aimait Lazare de Béthanie et ses sœurs Marthe et Marie (Jn, 11, 35). Il nous faut donc imaginer en Judée – à Jérusalem, à Béthanie, etc.) un groupe d’amis très liés à Jésus, sans savoir quand et comment les liens d’amitié se sont tissés.


Les évangiles ne couvrent qu’une courte période – deux années de vie publique – au cours de laquelle, selon les synoptiques, Jésus vit essentiellement en Galilée ou régions limitrophes (Syro-Phénicie, Décapole, Gaulanitide, etc.) avant de venir à Jérusalem, quelques jours avant d’être crucifié. Mais le Disciple apporte à ce récit synoptique une correction, en affirmant Jésus présent à Jérusalem, à plusieurs reprises, au cours de ces deux années. En fait, en 28, Jésus a passé plusieurs semaines à Jérusalem et en Judée, à l’occasion de Pâque (Jn 2, 13 ; 4, 3) et il y est revenu brièvement pour Soukot (Jn, 5). En 29, pour Soukot à nouveau, il y est revenu pour plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être (Jn 7 à 10). On peut donc estimer que sur les vingt-quatre mois de sa vie publique, Jésus en aura passé en Judée cinq, six … auxquels il faut ajouter un séjour outre-Jourdain, mais à proximité de Jérusalem, entre Hanouka et la résurrection de Lazare, au début de l’année 30. Finalement on peut évaluer à sept mois au total la présence de Jésus en Judée, avant son ultime montée à Jérusalem, soit 30% de sa vie publique.

 

A suivre ...

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 19:57

D’après une note de Louis Cornu


François Le Quéré publia en 1994 aux éditions F. X. de Guibert « Recherches sur saint Jean. Qui est Jean ? Le quatrième évangile … l’Apocalypse ». L’éditeur présente ainsi ce livre en 4ème de couverture :


francois_le_quere_jpg.jpg« Cet ouvrage est né il y a plusieurs années, d’une insatisfaction. Celle provoquée par la lecture de beaucoup d’ouvrages spécialisés, qui ont fait naître chez l’auteur le désir d’aller vérifier aux sources le bien-fondé des affirmations selon lesquelles l’œuvre de Jean ne pouvait être que le tardif résultat d’une lente maturation communautaire de la fin du Ier siècle.


A l’encontre de cette hypothèse largement admise sans discussion, l’auteur, au terme de plusieurs années de recherches personnelles, rejoint la thèse défendue par l’évêque anglican Robinson *, et confirmée par Claude Tresmontant, l’abbé Carmignac et Jacqueline Genot-Bismuth (et récemment par Oscar Cullman), d’une rédaction précoce de ce qu’on appelle, à tort sans doute, le quatrième Evangile.
* ndlr - J.A.T. Robinson « Reading the New Testament », qui propose une chronologie haute pour la rédaction des évangile ; soit une date proche de 50 pour l’évangile de Jean !


Page après page, on découvre le témoignage privilégié d’un contemporain, ami personnel de Jésus, au point d’oser se nommer « le disciple que Jésus aimait ». Tout au long de l’Evangile qu’il rédige, il laisse percer la question qu’il se pose à propos du Christ : « Qui est cet homme ? » et c’est devant le tombeau vide qu’il trouve la foi.


Celui que la tradition nomme Jean est un homme discret, qui se veut même disciple en secret, lui qui est proche de la haute société sacerdotale du Temple, Judéen marginal par rapport aux autres apôtres galiléens. Son Evangile ne parle que de ce qu’il a vécu personnellement à l’occasion de ses rencontres avec Jésus. Jean est un homme tellement proche du cœur du Maître qu’il en devient le théologien de l’Amour de Dieu.


Comme pour Claude Tresmontant dans sa récente Enquête sur l’Apocalypse, Jean apparaît à François Le Quéré tellement imprégné de ce temps messianique, qu’il en devient, à son tour, prophète dans l’Apocalypse, rédigée dans la tradition d’Ezéchiel, pour annoncer, comme celui-ci l’avait fait en son temps, la chute prochaine de Jérusalem, cette nouvelle Babylone ».

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 19:43

d’après une note de Louis Cornu


claude_tresmontant_christ_hebreu.gifLe bibliste Claude Tresmontant publie en 1983 Le Christ hébreu ; en 1984, l’Evangile de Jean ; et en 1985 L’Apocalypse de Jean. Il pensait que nos quatre évangiles étaient la traduction en grec de notes prises au jour le jour en hébreu par des auditeurs de Jésus … donc pratiquement, au contact des faits. En ce qui concernait l’évangile de Jean, dès 28-30, des notes avaient été prises en hébreu, par le disciple que Jésus aimait, et plus tard traduites en grec.


A propos de ce Disciple, pour lui auteur de l’évangile de Jean, il écrivait ceci en 1984, en s’appuyant sur la lettre de Polycrate à Victor, précédemment citée :


« Ce document de Polycrate, évêque d’Ephèse, nous fournit un point de vue autour duquel s’ordonnent parfaitement tous les renseignements dont nous disposons, sur l’auteur du quatrième Evangile. Il a probablement été disciple de Jean-Baptiste. Il a une maison à Jérusalem. C’est chez lui que le Seigneur a mangé la dernière Pâque. Il a cependant un calendrier qui n’est pas celui du groupe des Galiléens réunis autour du Seigneur. Son Evangile est centré sur Jérusalem. Il connaît le grand prêtre de cette année-là. Il peut entrer dans la maison du grand prêtre. Il peut donner des ordres à la servante qui garde la porte. Elle ne le met pas dehors, elle lui obéit. Il se cache, il cache son nom lorsque son Evangile est traduit de l’hébreu en grec, parce qu’il est menacé de mort. Il prend Mariam [ndlr : Marie, mère de Jésus] chez lui après la mort et la résurrection du Seigneur. C’est de Mariam qu’il tient plusieurs renseignements, par exemple ce que le Seigneur a dit lors du festin de Qanah en Galilée. Il était le disciple préféré du Seigneur, parce qu’il était théologiquement le plus savant, et le plus apte à comprendre l’enseignement théologique de haute portée du Seigneur. Lui seul a conservé et transmis cet enseignement de haute portée donné lors de la dernière nuit. Il hésite à entrer dans le tombeau, parce que cela est interdit à un prêtre. Il entre dans le tombeau, lorsqu’il comprend qu’il n’y a plus de mort dans le tombeau, parce que le Seigneur est vivant.


Tous les renseignements dont nous disposons par le texte lui-même du quatrième Evangile confirment ce que nous dit Polycrate d'Ephèse dans sa lettre au pape Victor [ndlr. évêque de Rome, car le titre de pape sera postérieur] : Jean, l’auteur du document hébreux que nous appelons le quatrième Evangile, était prêtre. Ce n’était pas un Galiléen analphabète. C’était un Judéen savant, et même très savant. ».


ndlr - Paradoxalement ce 4ème évangile, publié à la fin du Ier siècle, est celui qui, par son contenu, est le plus contemporain de Jésus !

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 19:25

d’après une note de Louis Cornu


La tradition, fondée sur le témoignage de Papias, cite un Jean le Presbytre qui vécut à Ephèse. Papias fut évêque d’Hiérapolis vers 130/140. Il écrivit 5 livres dans lesquels il dit avoir été l’auditeur d’un nommé Aristion et d’un « Jean le Presbytre », lesquels avaient reçu leur enseignement des apôtres. Papias fait donc partie d’une troisième génération de chrétiens : génération du vivant des apôtres pouvant donc bénéficier de leur témoignage direct, puis la génération de ceux qui furent enseignés par les apôtres, enfin la génération de Papias au début du IIème siècle.


Eusèbe de Césarée (265-vers 340), qui fut évêque de Césarée autour de 315/320 et qui participa au concile de Nicée en 325, fit œuvre d’historien dans son « Histoire Ecclésiastique ». Il cite Irénée de Lyon : « Papias, lui aussi auditeur de Jean et compagnon de Polycarpe, homme ancien … » (Eusèbe de Césarée, livre III, chap. XXXIX).

 

S’appuyant sur Papias qui cite les apôtres, dont Jean, puis distinctement Jean le presbytre, Eusèbe rappelle qu’il y a à Ephèse « deux tombeaux qui maintenant encore sont dits ceux de Jean ». En fait, c’est une lettre de Denis d’Alexandrie à l’évêque Nepos, vers 225, qui parle de ces deux tombeaux en les attribuant précisément à Jean fils de Zébédée et à Jean le Presbytre, ceci en se faisant l’écho d’un on-dit datant du milieu du IIème siècle.


le-disciple-que_jesus_aimait_3.jpgPour Eusèbe (Livre III, chap. XXXI), lui aussi, le second Jean est bel et bien « le disciple que Jésus aimait » : « Jean lui aussi, celui qui a reposé sur la poitrine du Seigneur, qui a été prêtre (juif) et a porté le pétalon *, qui a été martyr (témoin) et didascale (docteur) repose à Ephèse ».
* Le pétalon était un insigne sacerdotal juif marquant une haute fonction dans le temps. L’Exode (28, 36-38) en donne la description : « Tu feras une lame d’or pur et tu y graveras comme on grave un cachet : « Sainteté à IHVH – Tu l’attacheras avec un cordon bleu sur la tiare ; elle sera sur le front d’Aaron et Aaron sera chargé des iniquités commises par les enfants d’Israël ». Il semble que, vers la fin de l’histoire juive, le pétalon n’aie plus été réservé au Grand Prêtre, mais porté par d’autres prêtres pendant l’exercice de leur fonction sacrée.


Irénée de Lyon, dans « Contre les hérésies », (livre 3, chap. 1) certifie que c’est bien Jean, le disciple du Seigneur, celui là même qui avait reposé sur sa poitrine, qui publia lui aussi l’Evangile tandis qu’il séjournait à Ephèse, en Asie.


Jean – le presbytre ? – serait mort sous l’empereur Trajan (98-117), donc après 98.


Polycrate, évêque d’Ephèse, évoque cette mort en écrivant à l’évêque de Rome, Victor (qui régna à la fin du IIème siècle, entre 189 et 198 ou 199). Sa lettre nous a été partiellement conservée par Eusèbe de Césarée dans son Histoire ecclésiastique, V, XXIV :


« C’est en Asie que reposent, que dorment du sommeil de la mort, que sont couchés [avec leurs pères] des grands astres. Ils se relèveront au jour de la venue du Seigneur, au jour où il viendra avec gloire des cieux, et qu’il relèvera tous les saints ; Philippe, l’un des douze envoyés, qui est couché [avec ses pères] à Hiérapolis, et deux de ses filles, qui ont vieilli vierges ; et son autre fille, qui a séjourné dans le Saint-Esprit. Elle repose à Ephèse. Et puis Iôannès, celui qui sur la poitrine du Seigneur s’est penché ; il est né hiereus – c’est-à-dire kohen – il a porté le pétalon, hébreu tziz hazahab, le pétale d’or, sur lequel était écrit : consacré à YHWH, Exode 28, 36 ; 29, 6 ; 39, 30 ; Lévitique 8, 9 ; il a été témoin, en grec martus, témoin des évènements, et il a enseigné, il a été didaskalos. Celui-ci, à Ephèse, est couché [avec ses pères, toujours la vieille expression biblique]. Et puis aussi Polycarpe de Smyrne, qui a été chargé de veiller sur la communauté, episkopos, et témoin, en grec de nouveau martus … »

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