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20 août 2014 3 20 /08 /août /2014 07:57

Olivier Sacks, neuropsychologue et écrivain, entretien avec Minh Tran Huy paru dans Madame Figaro en complément des Figaro des 7-8 février 2014, pp. 62-63, à l'occasion de la sortie de son livre "l'Odeur du si bémol" aux éditions du Seuil, 352 p. (traduit de l'anglais par Christian Clerc), extraits :

 

olivier_sacks-copie-1.jpgJ'ai le sentiment que l'hallucination méritait un ouvrage à part entière, car elle constitue un type d'expérience distinct de la perception (on entend, on voit ou on sent quelque chose qui n'est pas là), du rêve (on est conscient) et de l'imagination (on n'exerce aucun contrôle sur ses hallucinations). Une expérience que nombre de gens connaissent mais qui demeure largement incomprise.

Q - Aujourd'hui, l'hallucination effraie, elle est associée à la folie et à la maladie. Mais cela n'a pas toujours été le cas.

R - Elle était plus volontiers acceptée, voire célébrée, en d'autres siècles. Jusque dans les années 1800, il n'était pas considéré comme anormal d'entendre des voix et d'avoir des visions, auxquelles on prêtait une réalité spirituelle : on parlait de fantômes, d'anges, de manifestations divines. Ce n'est qu'ensuite que le terme est devenu péjoratif. Je voulais mettre l'accent sur le rôle joué par les hallucinations en matière d'art, de mythologie ou encore de religion - des crises épileptiques, extatiques, de Jeanne d'Arc et Dostoïevski, aux motifs de l'art aborigène - qui pourraient avoir pour origine les visions provoquées par les migraines. J'ai essayé, sinon de réhabiliter l'hallucination, du moins de montrer qu'elle faisait partie de notre vie mentale et de notre culture.

Q - En vous intéressant à l'homme ou à la femme derrière le malade, n'appelez-vous pas aussi à une autre manière, plus humaine, et même humaniste, d'exercer la médecine ? 

R - Oui, mes livres appellent à une médecine ne se limitant pas à des diagnostics qui poussent les docteurs à se contenter de cocher une liste de critères et de symptômes sans jamais décrire un patient particulier en détail. Mais j'y appelle par la description et l'exemple, non par un plaidoyer ou un manifeste.

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