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26 décembre 2014 5 26 /12 /décembre /2014 16:52

Communication de Jean-Claude Barbier, intervenant au séminaire organisé par la Congrégation unitarienne du Rwanda les 15-21 décembre 2014 à Kigali sur un programme de formation de l’Eglise unitarienne francophone (EUfr) (lien).
* John Shelby Spong, 2014 – Jésus pour le XXIème siècle, Paris, Karthala, 328 p., traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Raymond Rakower,; l’auteur est évêque émérite de l’Eglise épiscopalienne de Newark, New Jersey. Version originale : Jesus for the Non-Religious, 1ère édition en 2007 chez HarperCollinsn chap. 17, pp. 196-201.

Le Serviteur, le Serviteur de Dieu ou le Serviteur souffrant (Es 52, 6-53) est sans doute une figure allégorique du peuple juif : « Je soupçonne que ce portrait était tout simplement le symbole de la nation juive, faisant face à son avenir d’une manière réaliste » (J.S.S., p. 198). Les prophéties relatives à ce Serviteur souffrant ont été rattachées au parchemin du prophète Esaïe ; c’est le « Second Esaïe », chap. 40 à 55.

Nous sommes au VI° siècle avant J.-C., vers la fin de l’Exil à Babylone
722-721, prise de Samarie par l’Assyrien Sargon II, déportation des habitants, fin du royaume d’Israël
598, prise de Jérusalem par le Babylonien Nabuchodonosor, première déportation (dont le prophète Ezéchiel)
Juillet-août 587, seconde prise de Jérusalem par les Babyloniens, destruction du temple, 2ème déportation.
582-581, troisième déportation (suite à l’assassinat du gouverneur babylonien).
538, édit de Cyrus permettant aux juifs de Babylone de retourner à Jérusalem ; il est déclaré messie (= l’oint du Seigneur, Es 45,1).


jesus_crucifie_par_chagall.jpgJésus crucifié, peinture de Marc Chagall


Ce prophète prend acte de la faiblesse du peuple juif et fait preuve de réalisme. C’est Dieu, et lui seul, qui finalement élèvera la nation juive. «Selon le Second Esaïe, ce Serviteur était destiné à vivre la seule vocation possible pour la nation des juifs. Le rôle des Judéens n’était plus désormais de chercher à atteindre la puissance, mais d’accepter le manque de puissance en guise de mode de vie. […] Ce Serviteur accomplirait sa mission, non pas par la force, mais grâce à sa faiblesse et à l’effacement de sa personnalité. Il n’offrirait pas de résistance à l’hostilité et ne reculerait pas devant les mauvais traitements » (J.S.S. p. 198). : « Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille. Et moi, je ne me suis pas cabré. Je ne me suis pas rejeté en arrière. J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient » (Es 50, 5-6).

Rôle de bouc-émissaire (Es 53, 3-5) chargé de nos fautes : « Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel devant qui on cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement. En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées, et nous, nous estimions qu’il était touché, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il était déshonoré à cause de nos révoltes, broyé à cause de nos perversités : la sanction, gage de paix sur nous, était sur lui, et dans ses plaies se trouvait notre guérison ».
« Jésus était décrit comme ayant emprunté la voie du Serviteur souffrant. La mort de Jésus vint à être comprise au travers du portrait du Serviteur » (J.S.S.).

Nouveau rôle international de la nation juive : « Je t’ai destiné à être la lumière des nations, afin que mon salut soit présent jusqu’aux extrémités de la Terre » (Es 49, 6). « Une nation que tu ne connais pas, tu l’appelleras et une nation qui ne te connaît pas courra vers toi, du fait que le Seigneur est ton Dieu » (Es 55, 5). Il devrait libérer les peuples : « tirer du cachot les prisonniers, de la maison d’arrêt, les habitants des ténèbres » (Es 42, 7). Voir plus largement tout le chapitre 42.
« Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu que j’ai moi-même en faveur, j’ai mis mon Esprit sur lui. Pour les nations il fera paraître le jugement, il ne criera pas, il n’élèvera pas le ton, il ne fera pas entendre dans la rue sa clameur ; il ne brisera pas le roseau ployé, il n’éteindra pas la mèche qui s’étiole ; à coup sûr, il fera paraître le jugement. Lui ne s’étiolera pas, lui ne ploiera pas, jusqu’à ce qu’il ait imposé sur la terre le jugement, et les îles seront dans l’attente de ses directives … » (versets 1-4).

Le vieux prêtre Syméon prend le bébé Jésus pour le bénir au 40ème jour de sa vie, puis il s’adresse à Dieu en ces termes « Maintenant, Maître, c’est en paix comme tu l’as dit, que tu renvoies ton serviteur. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé face à tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens et gloire d’Israël ton peuple » (Luc 2, 29-32).

Grâce à cette prophétie du Serviteur souffrant, Dieu n’est plus le dieu du seul Israël, mais de toutes les nations et Luc pourra enfin faire dire aux anges de Noël : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » (Lc 2, 14) – tous les hommes et pas seulement les Juifs …C’est le passage d’une monolâtrie (le choix par un peuple d’un seul dieu) au monothéisme (un seul et unique Dieu pour toute l’Humanité).

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