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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 09:46

On en trouve des exemples dans la plus haute Antiquité, puisqu'alors on marchait les pieds nus ou couverts de simples sandales : un hôte fournissait l'eau et un serviteur pour laver les pieds des invités. Geste d'accueil et d'hospitalité, avant même que le visiteur n'ait décliné son identité et qu'il n'ait dit le pourquoi de sa venue ou de son passage ; geste qui se veut aussi honorifique. Chez les Grecs par exemple, une telle scène est décrite dans l’Odyssée (roman grec écrit par Homère), quand Euryclée, la nourrice d'Ulysse, lui lave les pieds. Elle le reconnaît alors à une blessure que ce dernier s'était faite lors d'une chasse aux sangliers !


Cette coutume est aussi mentionnée à plusieurs endroits dans l'Ancien Testament. Au lieu dit Chêne de Mambré, Abraham reçoit trois visiteurs inconnus (en qui il voit des anges envoyés par Dieu) : "Qu'on apporte un peu d'eau, vous vous laverez les pieds et vous vous étendrez sous l'arbre. Que j'aille chercher un morceau de pain et vous vous réconforterez le coeur avant d'aller plus loin ; c'est bien pour cela que vous êtes passés près de votre serviteur !" (Gn 18, 1-15). De même, son neveu Lot, à Sodome, invite les "deux Anges" à venir chez lui "Je vous en prie Messeigneurs ! Veuillez descendre chez votre serviteur pour y passer la nuit et vous laver les pieds, puis au matin vous reprendrez votre route" (Gn 19, 1-3).


Isaac, fils d'Abraham, est reçu chez Laban à Haran, au pays de ses pères, afin de lui demander la main de sa fille, Rachel (dont il vient de faire tout juste la connaissance autour d'un puit) : "L'homme [Isaac] vint à la maison et Laban débâta les chameaux, il donna de la paille et du fourrage aux chameaux et, pour lui et les hommes qui l'accompagnaient, de l'eau pour se laver les pieds. On lui présenta à manger ..." (Gn 24, 1-33).


Joseph, fils de Jacob, devenu grand intendant en Egypte, reçoit ainsi ses frères, lorsqu'ils dînèrent avec lui  (Genèse 43, 24) : « L’homme fit entrer tous les frères chez Joseph. On leur apporta de l'eau pour se laver les pieds et on donna du fourrage à leurs ânes ».


Le futur roi David monte une expédition contre Nabal, un chef voisin et riche propriétaire en pays Moab, qui a mal reçu ses serviteurs (faut dire qu'ils étaient venus quémander ! ),  Abigaïl en désaccord avec son mari, va le trahir et peut-être l'empoisonner durant un repas où Nabal mangeât de trop ! David, cherchant à élargir son influence de chef de bande et peut-être déjà fidèle à sa réputation de coureur de jupons, propose à la toute récente veuve de la consoler en mariage. Celle-ci se montre  parfaitement consentante et sera sa seconde femme. Elle se proterne face contre terre à l'arrivée des serviteurs de David et leur dit "Ta servante est comme une esclave, pour laver les pieds des serviteurs de Monseigneur" (I Samuel, 25-43).  Le psaume 108 fera-t-il allusion à cette scène lorsque Dieu (Elohim parlant en son sanctuaire) appelle Moab « le bassin où je me lave » ? ("Moab, pot de mon bain" dans la traduction d'André Chouraqui).


philippelejeune1992.jpgL’onction à Béthanie, par Philippe Lejeune catalogue 1992, icône à fond d'or, détrempe à l’œuf sur bois, s.d.) (lien).


Dans les quatre évangiles, on retiendra le célèbre et émouvant geste de la femme oignant la tête et les pieds de Jésus de parfum ... et  baignant les pieds de ses larmes (mais seul Luc 7,38 nous le dit, et de préciser qu'il s'agissait d'une "pècheresse dans la ville"). La scène se passe à Béthanie, chez Simon le lépreux (Mt. 26, 6 ; Mc 14, 3) ou Simon le pharisien (Lc 7, 36-40), ou encore chez Marthe, sa soeur Marie et son frère Lazare et dans ce cas le geste est de Marie (Jn 12, 1-8).


Continuons avec Luc seul : Jésus s’adresse à Simon, le pharisien qui l’a invité. Il lui fait le reproche de ne l’avoir pas accueilli selon les règles, tandis que la femme, qui pleure sur ses pieds, le fait à sa manière : « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi et tu ne m'as pas donné d'eau pour mes pieds ; mais elle m'a lavé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas reçu en m'embrassant; mais elle n'a pas cessé de m'embrasser les pieds depuis que je suis entré. Tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête ; mais elle a répandu du parfum sur mes pieds. » (Lc 7, 44-46).

 

Dans les autres évangiles (Matthieu, Marc et Jean), c'est l'annonce de sa mort et l'acceptation d'un hommage : des pauvres vous en aurez toujours, mais moi, bientôt, vous ne m'aurez plus ...

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