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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 00:06

Jean Marc Van HILLE - ÉVANGILE SELON MARC ÉPURÉ DE SES MYTHES ET INVRAISEMBLANCES QUI L’ENCOMBRENT DEPUIS 2000 ANS
Que celui qui cherche ne cesse de chercher jusqu’à ce qu’il trouve ; et quand il aura trouvé, il sera bouleversé, et étant bouleversé, il sera émerveillé, et il règnera sur le tout. Évangile de Thomas, logion 2

INTRODUCTION


Cet Évangile est hérétique … L’Église catholique romaine a toujours eu tendance à traduire – et à faire passer dans le langage commun - les termes grecs dans un sens qui lui était favorable. Ainsi le mot hérétique qui désignait initialement les hommes et les femmes qui, étant d’un avis différent d’elle, adhéraient à des « sectes » *, désigne, pour l’Église, celui qui est dans l’erreur, ce qui, à certaines époques, lui valait d’être remis dans les mains de la Sainte Inquisition. Rappelons que le mot vient du substantif grec aïresis qui signifie parti religieux, école, enseignement et du verbe aïreomai, choisir, préférer. A l’époque de Jésus, c’étaient les Sadducéens, les Pharisiens, les Zélotes, que nous rencontrons souvent dans les évangiles canoniques, ou les Gnostiques et les Esséniens qui n’y apparaissent pas. L’hérétique aïretikos est donc celui qui a fait un autre choix, qui s’est séparé du tronc, et en aucun cas celui qui est dans l’erreur.
* Du latin secta, règles de conduite, manière de vivre, système, école philosophique. Ce n’est que bien plus tard que le terme secte désignera tout groupement suspect d’atteinte à la santé mentale, généralement dominé par un gourou et représentant un danger.

De même le mot apocryphe - qui vient du grec apokruphos, signifie caché au regard et désigne les textes qui n’ont pas été retenus dans son « canon » - est traduit par l’Eglise catholique par faux. Il était utile de le rappeler. Citons à l’appui de ce constat ce que dit Jacques- Noël Pérès au sujet du « dépôt de la foi » : « L’Église a conscience d’être dépositaire de ce qui lui vient des apôtres, la tradition dont l’Écriture, sur laquelle elle appuie sa confession de foi. Mais ceci soulève deux problèmes :

a. le problème de l’apostolicité du canon,
a1. La canonicité est une décision de l’Église,
a2. Le fait canonique suppose une pluralité dont il a besoin pour fonctionner,
a3. Il n’y a pas de différence intrinsèque entre les écrits canoniques et apocryphes,
a4. La différence tient donc à l’insertion dans le canon. Les écrits ne sont plus lus de la même façon dès qu’ils sont mis dans le canon. Ce ne sont ni les faits ni les dits de Jésus qui sont canonisés, mais les écrits qui les racontent. Il y a dans
les évangiles canoniques des paroles attribuées à Jésus, et qui ne sont pas authentiques *.

* Pierre Geoltrain (†), ancien professeur d’exégèse à l’École Pratique des Hautes Études, estimait à 80% les paroles attribuées à Jésus dans les évangiles canoniques, qui n’avaient jamais été prononcées par lui ! La position de Frédéric Amsler dans L’Évangile inconnu, les sources des paroles de Jésus, est encore plus radicale : « Le nombre de paroles de Jésus qui ont été conservées, alors même qu’elles n’étaient plus utiles à la communauté, est sans doute aussi faible qu’est élevé le nombre de paroles de Jésus fabriquées de toutes pièces par le groupe lui-même pour offrir des solutions revêtues d’autorité à ses propres problèmes ».

b. le risque d’erreur. L’Écriture peut-elle se tromper ? Elle est rédigée par des hommes qui ont pu se tromper de bonne foi. Le risque d’erreur est néanmoins négligeable ». 

 

L’Évangile selon Marc que nous proposons ici, est dont totalement hérétique.


Pourquoi avons-nous choisi cet évangile plutôt que ceux attribués à Matthieu, Luc ou Jean ? D’abord parce que c’est celui des évangiles canoniques qui a été rédigé le premier, on ne sait par qui, vers les années 60/65 de notre ère. Ensuite parce qu’on sait que, Matthieu et Luc ayant copieusement « pompé » dans Marc, on peut en déduire que Marc était plus proche des sources initiales, dont la célèbre source Q.


Il y a dans Matthieu et Luc environ 230 faits ou paroles qui ne sont pas dans Marc. Donc ces deux évangélistes ont eu, eux aussi, recours à une ou plusieurs sources antérieures, orales ou écrites. Comme leurs évangiles ont été rédigés plus tardivement que celui de Marc, il nous a paru logique de retenir ce dernier comme base de travail. Quant à celui de Jean, il date d’environ 100/110.

Enfin – et surtout - parce qu’au chapitre 10, verset 18, Jésus déclare ouvertement qu’il n’est pas Dieu. Cette affirmation sans ambiguïté modifie considérablement le regard qu’on peut jeter sur les évangiles canoniques et donne toute liberté pour les interpréter différemment et donc supprimer tous les caractères qui faisaient de Jésus un Dieu, comme les miracles par exemple. Pourquoi m’appelles-tu bon, demande sèchement Jésus au jeune homme riche, seul Dieu est bon. On ne saurait être plus catégorique !

Ajoutons que Marc ne cite Marie que trois fois, et très discrètement. Dans 3, 31-35 il n’est question que de « sa mère », sans que le prénom soit précisé, dans 6, 3 où on désigne Jésus comme le fils de Marie, enfin dans 15, 40, au pied de la croix,
Marc cite… Marie, la mère de Jacques le Petit et de José. Si Jacques était bien le frère du condamné, il s’agit de Marie, sa mère. Nous sommes loin de l’Église qui a fait de Marie la « mère de Dieu », Theotokos, promue « co-rédemptrice » *, mais , ce qui – soit dit en passant - réduit Jésus au rôle d’associé !
* Ndlr – certains catholiques proposent ce rôle de co-rédemptrice, mais la hiérarchie n’a pas répondu à cette attente.


Dans Parole d’Évangile ? Graham Stanton écrit… Origène [v. 185- v. 253] notait aussi que les désaccords historiques étaient si graves qu’il n’y avait qu’une seule alternative : soit renoncer à établir la vérité des quatre évangiles et faire le choix d’un au hasard ; soit « admettre que la vérité de ces quatre [évangiles] ne consiste pas dans la lettre du texte ». Il prit la seconde option et chercha les vérités profondes enfouies derrière la lettre du texte.

C’est ce qu’a fait Tatien vers 180, ascète « encratique », élève de Saint Justin Martyr, avec son Diatessaron, « Quatre en un », synthèse des quatre évangiles canoniques. Il a refusé tout ce qui était étranger au christianisme, dont la vie sociale, rejetant les philosophes païens qu’il considérait comme absurdes et illusoires. Le texte a disparu.

à suivre ...

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