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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 19:11

suite des articles précédents ...


« Il y a quelque chose de libéral dans les sentiments des nestoriens à l'égard des autres dénominations. Leurs rites religieux sont plus simples que ceux des autres Orientaux. Ils ont en horreur le culte des images, la confession auriculaire, la doctrine du Purgatoire, et ce n'est pas sans raison qu'on les a appelés les protestants de l'Asie. Mais l'ignorance et la superstition n'en règnent pas moins chez eux : à l'arrivée des missionnaires, le clergé seul savait lire et écrire ; l'éducation des femmes était totalement négligée, ils attachaient plus d'importance à l'observation des fêtes, des jeûnes et des autres cérémonies extérieures, qu'à la pureté du coeur et de la vie.

 

croix nestorienne utilisée par l'Eglise assyrienne

eglise_assyrienne_croix.JPGCependant la conduite exemplaire de quelques personnes donne à penser que la vraie piété n'y était pas entièrement éteinte. Ce qu'il y a de plus remarquable c'est qu'ils aient permis à des hommes [ndlr – il s’agit des missionnaires protestants], venus d'un pays dont ils avaient à peine entendu parler, d'ouvrir des écoles parmi eux, de prêcher l'Evangile, de faire usage de tous les moyens d'instruction, non seulement sans aucune opposition, mais avec l'approbation la plus cordiale des évêques et des prêtres ; les ecclésiastiques de l'ordre le plus élevé regardent comme un honneur d'aider les missionnaires dans leurs travaux évangéliques.


M. Grant fait remarquer qu'ils sont considérés par les juifs répandus dans le pays, comme les descendants des Israëlites, -qu'ils parlent la même langue que ces juifs [ndlr – l’araméen], - qu'ils se nomment eux-mêmes « bénis d'Israël » [ndlr – sans doute dans un sens chrétien], - qu'ils pratiquent des rites dont l'origine est évidemment judaïque [ndlr – les judéo-chrétiens des premiers siècles conservèrent les pratiques juives]. Ainsi, quoiqu'ils professent que par la seule oblation de Christ, l'agneau de Dieu, pour les péchés de son peuple, tous les sacrifices qui la préfiguraient ont été abolis, ils pensent cependant que les offrandes volontaires, nommées communément "sacrifices de prospérité", peuvent encore être présentées. Quand ils veulent exprimer leur gratitude pour la délivrance d'une maladie, ils conduisent et immolent une victime à la porte de l'église, et répandent une partie du sang sur le linteau et les poteaux ; l'épaule droite de l'animal immolé appartient au prêtre officiant, ainsi que la peau. Qui ne reconnaîtrait dans ces usages la loi lévitique ?

 

Mais la conformité ne s'arrête pas là. La victime est mangée par le sacrifiant et par ses amis, quelquefois il en est envoyé une portion aux familles du village, spécialement aux pauvres, et l'usage veut qu'elle soit mangée tout entière le jour même où elle a été offerte. Les nestoriens ont aussi conservé le voeu du naziréat, l'offrande des premiers fruits de leurs champs et de leurs troupeaux. Ils gardent le jour de repos plus rigoureusement que ne le font les autres chrétiens de l'Orient. Autrefois ils auraient puni de mort quiconque eût voyagé ou travaillé ce jour-là, et quoiqu'ils soient devenus moins sévères par leurs relations avec les autres Eglises, ils ne se permettraient pas, pour la plupart, d'allumer du feu le dimanche.


Ils ont dans leurs églises une partie nommée le lieu saint, où les seuls prêtres peuvent entrer, et une autre appelée le saint des saints.


Comme chez les juifs on était souillé par l'attouchement d'un mort, il en est de même chez les nestoriens; quoiqu'ils considèrent les chrétiens comme sanctifiés par le baptême, de telle sorte qu'on ne contracte pas d'impureté en touchant leurs corps, ils ne s'en purifient pas moins après avoir assisté à des funérailles. »

 
Le missionnaire protestant américain Ashael Grant arriva dans les montagnes assyriennes dès 1835 (cf. A. Grant "The Nestorians or the lost tribes" New-York, 1841, trad. française 1843). L'ouvrage de Grant est actuellement cité par les Assyriens eux-mêmes comme un témoignage précieux, car ancien, de leur vie en Hakkiari. Par contre, les missions acculturatrices protestantes et anglicanes (XIXe siècle), russes orthodoxes (début XXe) et catholiques (dès le XVIe avec constitution d'une Eglise uniate majoritaire en plaine : l'Eglise chaldéenne) sont sévèrement critiquées par eux.

fin

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