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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 10:01

par Jean-Claude Barbier (à la suite de l'article "faut-il croire à la Résurrection ?" et des précédents de la même série sur "le tombeau vide"). Cet article présent a été publié le mercredi 8 avril 2009 dans les Actualités unitariennes et transféré ici.

Dans le tombeau, on retrouva – selon Luc 24, 12 - seulement les bandelettes qui servaient à nouer le linceul autour du cadavre (l’interprétation spirituelle pourra dire que le Ressuscité est "dénoué", délivré de ses liens matériels). Jean l’évangéliste y ajoute un suaire (Jn 20, 7) bien roulé et déposé à part des bandelettes. Ce suaire était posé sur le linceul au niveau du visage du mort et servait à étancher, si besoin était, le surplus de sueur.

Le linceul lui même a disparu avec le corps. Est-ce ce linceul qui fut ensuite à Edesse, à Constantinople puis en France et finalement à Turin où il est connu sous le nom de " Suaire de Turin ", ville où il est exposé dans la cathédrale ?

le tombeau vide montré par l'Ange aux femmes ; chapiteau de l'ancien choeur roman de l'abbaye de Mozac (Puy de Dôme)

L’évangile de Jean entend manifestement valoriser "le disciple que Jésus aimait", lequel n’est jamais nommé, mais dont le profil correspondant à un jeune Judéen de l’entourage de Caïphe et du Sanhédrin, citadin de Jérusalem et sans doute le propriétaire du Cénacle (la haute chambre où Jésus célébra la dernière pâque avec ses disciples, où ceux-ci se terrèrent après sa mort et où ils se réunirent à nouveau pour la Pentecôte).

Prévenus par les femmes, ce disciple et Pierre se précipitent ; le premier, qu’on devine plus jeune, arrive en premier, mais il attend Pierre qui a pour lui et l’âge et le rang de leader des disciples. Pierre entre donc le premier dans le tombeau, mais c’est le disciple en question qui, le premier, comprend ce qui se passe et sera le témoin par excellence.

Le texte de Jean l’évangéliste est tout en nuance … et en diplomatie : "Alors entra aussi l’autre disciple qui était venu le premier au tombeau (bien précisé auparavant, en Jn 20,4-6 !), et il vit et il crut (bien mis au singulier !). Car ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture, qu’il devait ressusciter des morts (et vlan pour les disciples – au pluriel – qui, eux, n’ont pas compris du premier coup !).

En code géopolitique, à la fin du Ier siècle, l’évangile de Jean vient de nous dire que Rome (avec les successeurs de Pierre) est toujours la tête de l’Eglise naissante (Jérusalem a sombré en 70 au terme de la première révolte juive et Rome a pris le relais), mais qu’Ephèse, qui se revendique du témoignage du disciple que Jésus aimait, est le centre de la Foi nouvelle.

A la fin de ce Ier siècle, la production littéraire de la communauté johannique d’Ephèse est en effet tout à fait étonnante et d’une très haute qualité ; elle est aussi fortement originale puisqu’elle introduit la théologie néo-platonicienne de la Parole (= Sagesse = Verbe) incarnée. Cela correspond aussi à l’apogée d’une ville qui, désormais, fait figure de capitale de l’Asie mineure. Après Jérusalem, Antioche, Rome, c’est un nouveau pôle majeur pour les chrétiens

* en plus de l’Evangile de Jean (Jean l’Evangéliste car l’apôtre du même nom est mort depuis longtemps), le Prologue qui y est mis ultérieurement, les 3 épîtres de Jean (Jean l’Ancien) et l’Apocalypse (Jean de Patmos selon l’auteur lui-même de ces révélations Ap 1,9).

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